Décidément, l’amateurisme au sommet de l’Etat est une réalité dans l’Algérie d’Abdelmadji Tebboune. Alors que le scandale Ahmed Ouyahia, ex-Premier ministre exhibé menotté à l’enterrement de son frère, finit à peine de défrayer la chronique, c’est la nomination de Samir Chaâbane lors du remaniement ministériel du 23 juin dernier qui fait maintenant les choux gras des médias et des réseaux sociaux algériens.
Nommé ministre délégué chargé de la Communauté nationale à l’étranger, Samir Chaâbna a été retiré de la liste des ministres ce samedi 27 juin par le président Tebboune.
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Et pour cause, l’ancien responsable de l’ENTV, la chaîne nationale algérienne, à Marseille, a refusé catégoriquement de renoncer à sa nationalité française pour prendre ses fonctions de ministre, comme le prévoit une disposition de la loi n°17-01 du 10 janvier 2017, fixant la liste des hautes fonctions de l’Etat et des fonctions politiques dont l’accès requiert la nationalité algérienne exclusive.
Or, si dans un premier temps, Samir Chaâbna a accepté le poste de ministre, une fois informé qu’il devait renoncer à sa nationalité française, il a opposé un niet catégorique à cette perspective, préférant les avantages d’un passeport français à un poste politique qui pourrait être éphémère. «Samir Chaâbna, après son refus de se conformer à la loi et sur décision du président de la République, il a été procédé à l’annulation de sa nomination en tant que ministre délégué en charge de la communauté nationale à l’étranger et par conséquent, il ne fait plus partie de la composante du gouvernement actuel», a expliqué un communiqué de la Primature algérienne.
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La question que se posent les Algériens est de savoir comment la présidence peut nommer une personne à un poste ministériel sans une enquête préalable sur sa nationalité. Les autorités algériennes justifient cette bévue par le fait que l'intéressé n’avait pas déclaré sa double nationalité lors de ses entretiens avec le président Tebboune.
Comble du paradoxe, l’homme est aussi député à l’Assemblée nationale algérienne où il représente les Algériens de France alors que cette autre fonction politique également est soumise à la loi n°17-01 du 10 janvier 2017.
Décidément, cette cacophonie donne encore raison à ceux qui demandaient que cette loi discriminatoire soit retirée de la nouvelle Constitution en cours d’élaboration.