La crise de l’huile de table commence à prendre des proportions inquiétantes en Algérie. Les sorties du ministre du Commerce Kamel Rezig, du patron de groupe Cevital, Issab Rebrab, le plus important producteur d’huile en Algérie, et des dirigeants des organisations professionnelles pour tenter de rassurer les consommateurs et pointer du doigt la responsabilité des commerçants détaillants, n’ont pas permis d’atténuer la tension sur ce produit de large consommation très demandé à la veille du mois de Ramadan.
Ainsi, inquiètes, les familles se ruent sur les supermarchés pour se procurer de l’huile, devenu une denrée rare en Algérie, malgré les affirmations d’une production dépassant largement les besoins du marché.
En conséquence, à Sétif, dans un centre commercial, une grande bousculade a eu lieu à cause de ce produit, comme le montre une vidéo largement partagée sur les réseaux sociaux.
Des images relayées aussi sur les réseaux sociaux montrent des citoyens s’approvisionner en grandes quantités d’huile de table avec des caddy remplis de bidons d’huile de 5 litres.
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Le cas de Sétif n’est pas isolé. Dans toutes les villes d’Algérie, les centres commerciaux sont pris d’assauts par les consommateurs qui souhaitent s’approvisionner en huile de crainte d’en manquer durant le mois de Ramadan.
Cette ruée vers les centres commerciaux s’explique par le fait que les commerçants détaillant refusent de s’approvisionner correctement en huile. Une situation qui résulte de la politique prise par le ministère du Commerce qui a imposé la facturation aux commerçants détaillants qui s’approvisionnent auprès des producteurs et/ou grossistes.
Derrière cette politique de facturation se cache la volonté des autorités d’imposer une taxe sur l’huile que supportent les commerçants détaillants en taxant l’huile vendue en détail par les commerçants détaillants.
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L’Etat, qui fait face à une crise financière aiguë, essaye de grignoter des taxes en vue de faire face à la chute de ses ressources fiscales. Seulement, en taxant l’huile de table dont le prix est règlementé, c’est le commerçant détaillant qui n’a aucune possibilité de répercuter cette taxe sur le consommateur final qui trinque. Du coup, voyant leur marge bénéficiaire baisser et devenir insignifiante, les détaillants refusent de s’approvisionner en huile auprès des producteurs et grossistes afin d’éviter la facturation et donc la taxe, ce qui rend ainsi ce produit de large consommation presque inexistant dans les petits commerces.
A cela s’ajoute le comportement des ménages qui se sont rués sur ce produit pour s’approvisionner en grande quantité au niveau des centres de commerce pour parer au pire à la veille du Ramadan créant ainsi une pénurie chez de nombreux distributeurs.
Du coup, malgré la réglementation du prix de l’huile, on note une hausse sensible des prix du produit à cause des spéculateurs.
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Cette situation sur l’huile rappelle tant d’autres bousculades en Algérie. On se rappelle en avril 2020 les nombreuses bousculades pour s’approvisionner en semoule et farine, du carburant et de la pomme de terre. Elle reflète la crise profonde que traverse le pays et qui pousse les autorités à prendre des décisions sans mesurer les conséquences sur les citoyens.