Algérie: très lourde peine de prison contre le général-major Wassini Bouazza, ex-patron de la DGSI

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Le 02/04/2021 à 12h25, mis à jour le 02/04/2021 à 12h28

Le tribunal militaire de Blida a condamné lourdement l’ancien DG de la sécurité intérieure. Quatre de ses subordonnés ont aussi été condamnés à de très lourdes peines. C’est l’un des derniers hommes clés du système Gaïd Salah qui séjourne ainsi en prison dans un règlement de compte.

C’est une très lourde seconde peine qui vient d’être infligée à l’ancien directeur général de la sécurité intérieure (DGSI), le général Wassini Bouazza. Il a été condamné à 16 ans de réclusion criminelle par le tribunal militaire de Blida dans un procès ouvert le 30 mars dernier. Le procureur avait requis une peine de 20 ans de réclusion contre lui et ses subordonnés arrêtés en même temps que lui.

L’ancien patron de la DGSI fait l’objet de plusieurs chefs d’accusation dont «enrichissement illicite», «trafic d’influence» et «infraction aux consignes de l’armée».

Cette condamnation vient s’ajouter à celle de juin 2020 à 8 ans de prison ferme pour «humiliation d’un subordonné», «détention d’une arme et de munition de guerre», «outrage verbal à corps constitué»,…

Bouazza, considéré comme un soutien inconditionnel de l’ex-chef de l’état-major de l’armée et vice-ministre de la Défense, feu Ahmed Gaïd Salah, démis de ses fonctions de façon rocambolesque début avril, arrêté violemment, puis emprisonné dans la foulée, est devenu persona non grata après le décès de son mentor et la désignation du général-major Saïd Chengriha à la tête de l’Etat-major de l’arme nationale populaire.

Arrêté le 13 avril 2020 par les enquêteurs de la Direction centrale de la sécurité de l’armée (DCSA), juste après son limogeage, il a été interrogé sur plusieurs dossiers sensibles relevant de sa responsabilité lorsqu’il dirigeait la DGSI entre avril 2019 et avril 2020 dont ceux de l’élection présidentielle et le rôle joué par la DGSI dans le lobbying favorable à Azzeddine Mihoubi, le dossier d’Anis Rahmani, patron d’Ennahar TV, etc.

Et ce n’est pas encore fini pour l’ancien protégé de feu Gaïd Salah, sachant que Bouazza est aussi poursuivi dans l’affaire «Mihoubi», candidat à la présidentielle de 2019 et pour laquelle l’ancien patron de la DGSI est accusé d’être intervenu au profit du candidat Azzeddine Mihoubi lors de la présidentielle de 2019 en donnant ses instructions aux wali et responsables locaux de soutenir ce candidat.

Cette affaire est la conséquence de la guerre que se livraient les généraux algériens lors de la présidentielle de décembre 2019 qui se jouait entre Abdelmadjid Tebboune et Azzedine Mihoubi. Si Bouaza avait réussi à dégommer de nombreux généraux encombrant en les faisant tomber en disgrâce aux yeux de Gaïd Salah, le décès de ce dernier juste après l’élection de Tebboune l’a rendu vulnérable du fait qu’il avait misé sur le candidat qui a perdu.

Chengriha nommé à la place de Gaïd Salah n’a pas hésité à se débarrasser d’un concurrent encombrant et violent qui risquait de contrarier son ascension. D’ailleurs, on l’accuse d’être derrière la fuite de l’adjudant-chef Gharnit Benouira, l’ancien secrétaire particulier de Gaïd Salah, qui avait quitté l’Algérie avec des documents sensibles.

Avec cette nouvelle condamnation, le duo Tebboune-Chengriha met désormais Bouazza derrière les barreaux pour de nombreuses années.

Wassini Bouazza sera accompagné en prison, et pour une longue durée, par ses 4 plus proches subordonnés tombés et de nombreux autres membres de la DGSI. 

Par Karim Zeidane
Le 02/04/2021 à 12h25, mis à jour le 02/04/2021 à 12h28