Ces élections, qui auraient dû avoir lieu en 2022 mais ont été avancées, apparaissent comme une tentative du régime de reprendre la main face au retour du Hirak dans la rue depuis fin février.
La campagne électorale, qui doit prendre fin le 9 juin, a débuté discrètement. Dans de nombreux quartiers d'Alger, la majorité des panneaux électoraux étaient vides jeudi matin, selon un journaliste de l'AFP.
"Tous les candidats promettent le changement alors que la majorité d'entre eux est issue de l'ancien système. Ce scrutin ne fera qu'aggraver la crise politique", a expliqué à l'AFP un professeur d'économie de l'université d'Alger sous couvert d'anonymat.
Près de 1.500 listes, dont plus de la moitié s'affichent comme indépendantes, sont en lice, selon l'Autorité nationale indépendante des élections (ANIE).
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Fait inédit: les candidats indépendants sont plus nombreux que ceux présentés par des partis politiques, largement déconsidérés.
Ils pourraient s'imposer comme une nouvelle force au sein de la future assemblée, avec l'aval du pouvoir, soucieux de redorer son blason sur fond de tensions socio-économiques.
Environ 1.200 autres listes ont été rejetées en vertu d'une nouvelle loi électorale stipulant que le candidat ne doit pas être "connu de manière notoire pour avoir eu des liens avec l'argent douteux et les milieux de l'affairisme".
Cette loi fixe notamment les règles de financement et de contrôle des campagnes électorales. Ainsi, il est interdit à tout candidat de recevoir des dons en espèces ou en nature d'un Etat étranger ou d'une personne physique ou morale de nationalité étrangère.
Le scrutin a été rejeté par les partis d'opposition laïcs ou de gauche ainsi que par les manifestants du Hirak qui défilent chaque semaine dans le pays.
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"Les élections ne constituent pas la solution à la crise multidimensionnelle que vit le pays", a estimé le Front des forces socialistes (FFS), qui réclame "le respect des libertés fondamentales, l'accès équitable aux médias à tous les acteurs politiques et sociaux et l'ouverture d'un dialogue sans exclusive".
En revanche, le Mouvement de la société pour la paix (MSP) et d'autres formations islamistes légales ont accepté de participer au scrutin.
"En finir avec le Hirak"
Malgré deux échecs cinglants --la présidentielle de 2019 et le référendum constitutionnel de 2020, marqués par une abstention record--, le régime, appuyé sur et par l'armée, est décidé à appliquer sa stratégie électoraliste, sans tenir compte des revendications de la rue (Etat de droit, transition démocratique, justice indépendante, etc).
Et à enterrer le Hirak, accusé d'être instrumentalisé par des "parties étrangères" hostiles à l'Algérie.
Le chef d'état-major, le général Saïld Chengriha, a mis en garde contre "les aventuriers (...) et contre toute tentative de porter atteinte à l'unité nationale".
"Laisser aujourd'hui n'importe qui s'arroger un droit illégitime de la représentation populaire n'est pas admissible", a-t-il averti.
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Les autorités ont durci la répression afin de briser le mouvement de contestation avant l'échéance électorale, multipliant les arrestations et les poursuites judiciaires visant opposants, hirakistes, intellectuels et journalistes.
La police a dispersé vendredi sans ménagement la marche hebdomadaire du Hirak à Alger, et a procédé à des centaines d'interpellations dans le pays. Des journalistes et photographes ont été empêchés de travailler.
Le ministère de l'Intérieur oblige désormais les organisateurs des marches du Hirak --mouvement pacifique et sans véritable leadership-- à "déclarer" au préalable les manifestations auprès des autorités, ce qui revient de facto à les interdire.
"Visiblement, le pouvoir a décidé d'en finir avec le Hirak pacifique", a déclaré cette semaine à l'AFP Saïd Salhi, vice-président de la Ligue algérienne pour la défense des droits de l'homme.
Né en février 2019 du rejet massif d'un cinquième mandat du président Abdelaziz Bouteflika, qui a démissionné en avril de la même année, le Hirak réclame un changement radical du "système" politique en place depuis l'indépendance (1962).
Les dernières élections législatives de 2017 ont été remportées par le Front de libération nationale (FLN) et le Rassemblement national démocratique (RND) au sein d'une Alliance présidentielle ayant soutenu Abdelaziz Bouteflika. Ces deux partis sont aujourd'hui largement discrédités.
Ultime humiliation: parmi les candidatures écartées cette année figure celle d'Abou El Fadhl Baadji, secrétaire général du FLN, auquel il est reproché de ne pas avoir accompli son service militaire.