Algérie: une fatwa pour freiner l'émigration des jeunes Algériens vers l'Europe

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Le 26/01/2018 à 16h58, mis à jour le 26/01/2018 à 17h01

Depuis jeudi 25 janvier, l'émigration clandestine des jeunes Algériens a été décrétée "haram" par le Haut conseil islamique. Ayant échoué à freiner la saignée de sa jeunesse vers l'Europe, Alger utilise ce surprenant moyen.

Ce vendredi 26 janvier, dans tous leurs prêches, les imams algériens ont été tenus d'évoquer le sujet de l'émigration clandestine, appelant les parents à s'opposer catégoriquement au départ de leurs enfants pour la rive nord de la Méditerranée et les jeunes Algériens à attendre tranquillement des lendemains meilleurs. L'instruction est venue du ministère des Affaires religieuses et des Waqfs, qui entend faire appliquer la surprenante décision.

Car Alger n'a rien trouvé de mieux que d'édicter une fatwa pour stopper le flux d'émigration sans précédent qui quitte quotidiennement ses côtes pour l'Europe. Ainsi, le Haut conseil islamique a-t-il déclaré "haram" les harragas.

Il faut dire que depuis un an, les côtes européennes sont submergées par une vague de migrants sans précédent. Il y a moins d'une semaine, Frontex, l’agence de surveillance des frontières mise en place par l'Union européenne, dressait le bilan de l'immigration de l'année 2017. Elle faisait état d'une augmentation de plus de 120% des arrivées illégales d'Algériens et de Marocains sur les côtes espagnoles. Au total, ce sont 22.900 migrants illégaux des deux pays qui ont accosté sur les rives espagnoles, contre 10.231 en 2016. Si aucun détail n'a été fourni sur le nombre exact d'individus par pays, les faits prouvent que depuis quelque temps, la jeunesse algérienne ne veut plus rester dans son pays.

Il y a deux mois, une bousculade devant l'Institut français d'Alger a conduit aux urgences plusieurs personnes évanouies. Peu de temps après, la vidéo d'un bébé dans une patara de haragas algériens avait ému l'opinion publique. Quand Emmanuel Macron s'est rendu en Algérie en décembre dernier, les réseaux sociaux ont largement commenté une vidéo montrant plusieurs dizaines de jeunes Algériens réclamant des visas. Enfin, plusieurs représentants diplomatiques européens ont décidé de durcir les conditions de délivrance des visas. L’une des sociétés privées en charge de l’étude préalable des dossiers avait purement et simplement suspendu les demandes de rendez-vous sur son site, à cause du nombre trop élevé de requêtes.

Par Mar Bassine Ndiaye
Le 26/01/2018 à 16h58, mis à jour le 26/01/2018 à 17h01