Il y a juste une semaine, Abdelmadjid Tebboune, le président algérien, a rencontré plusieurs patrons de presse, dans une opération de communication. Il voulait se servir de leur relais pour rassurer la population sur la disponibilité des ressources financières et par la même occasion affirmer que "les stocks en denrées de première nécessité couvraient six mois de consommation".
Il avait peut-être oublié de regarder dans les greniers du pays qui sont vides, comme en témoignent les bousculades devenues des scènes ordinaires dans plusieurs villes du pays.
Le gouvernement a beau insister sur la disponibilité de stocks suffisants en semoule (blé dur) et en farine (blé tendre), face à la grande affluence des citoyens algériens en ces temps de confinement, partiel soit-il, la réalité sur le terrain est autre.
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En atteste cette vidéo montrant des citoyens algériens se battant pour acquérir des sacs de semoules et farine, devant des forces de l’ordre médusées et réduites en spectateurs face aux pauvres citoyens appelés à jouer au plus fort pour emporter son sac de semoule ou de farine. Dans d’autres magasins, malgré l’intervention des forces de l’ordre et l’usage de la matraque, c'est encore pire.
Une situation surréaliste en ces temps de pandémie pendant laquelle les populations sont appelées à respecter la distanciation sociale pour éviter les contaminations.
Le ministère de l’Agriculture s'est tué à dire que le pays est bien approvisionné pour les denrées alimentaires de première nécessité. Toutefois, ces annonces sont démenties même par la très officielle APS qui, après une tournée à travers les locaux commerciaux, a constaté une pénurie de semoule et de farine au niveau des surfaces commerciales. Et l’approvisionnement ne se fait pas du jour au lendemain. Il faut du temps pour fournir les minoteries qui alimenteront les stocks sur le marché de gros.
Cette bousculade n’est qu’un reflet de la pénurie constatée également devant de nombreux points de vente de ces denrées de première nécessité, toujours selon l'agence officielle.
La semoule est introuvable dans de nombreux magasins et points de vente dédiés, obligeant les citoyens à se déplacer d’un magasin à un autre à la recherche de cette denrée. Et quand elle existe, il faut des files interminables pour espérer être servi.
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Si certains ont imputé cette situation au recours massif des citoyens au stockage et aux pics de consommation, la pénurie ne peut être écartée, malgré l’annonce par les autorités de la mise en place d’un programme spécial pour assurer l’approvisionnement du marché et éviter une pénurie chez les détaillants. Ainsi, les minotiers réclament une augmentation de leurs quotas de blé dur pour pouvoir satisfaire la demande en semoule. Toutefois, l’Office algérien interprofessionnel des céréales fait la sourde oreille.
En attendant, le gouvernement multiplie les achats de blé pour faire face à la situation durant les mois à venir. Il a acheté près de 240.000 tonne de blé meunier pour livraison en juin et a aussitôt lancé un nouvel appel d’offres pour des livraisons en juillet.
En Algérie, ces pénuries sont devenues la hantise de la population qui fait face à a flambée des prix des fruits et légumes.
Ce déficit en semoule et de farine, produits dont les prix sont fixés et subventionnés par l’Etat, vient s’ajouter à d’autres pénuries, dont le carburant dans certaines régions. Une situation qui risque de s’aggraver à cause de la crise financière née de la chute du cours du baril de pétrole qui se situe légèrement au-dessus des 30 dollars et qui assure plus de 95% des recettes d’exportations du pays.