Algérie. Polémique Ramadan & Coronavirus: finalement, le ramadan ne sera pas annulé

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Le 20/04/2020 à 18h39, mis à jour le 21/04/2020 à 15h40

Faut-il jeûner durant ce mois de ramadan, en dépit de la pandémie du coronavirus? Le débat a fait long feu en Algérie où certains ont appelé à l’«annulation» du ramadan. La Commission ministérielle des Fatwas et le ministre des Affaires religieuses et des Waqfs ont finalement mis fin au débat.

Pas d’annulation du jeûne du ramadan cette année en raison du coronavirus. Le débat sur «l’annulation du jeûne du ramadan en Algérie» qui a agité ce pays durant ces dernières semaines entre ceux qui jugent que le carême est incompatible avec la situation actuelle de pandémie du coronavirus et ceux qui jugent que la propagation du coronavirus n’altère en rien le jeûne du ramadan est désormais clos.

Certains avancent que le ramadan, avec l’abstention diurne d’ingurgiter des aliments et/ou des boissons et les prières collectives à chaque soir durant le mois sacré, qui coincide avec la pandémie du Covid-19, «met en péril la vie des citoyens et constitue une menace sérieuse à la santé publique». D’autres avancent, au contraire, que le carême «consolide, renforce et renouvelle» le «système immunitaire».

Le débat houleux a fini par semer le doute chez certains fidèles, surtout après la sortie des imams algériens annonçant que toute décision portant sur l’annulation et/ou le maintien du jeûne du ramadan sera liée à la préservation de la santé des citoyens algériens.

Le débat a été tel que la Commission ministérielle de la fatwa était obligée de se réunir, en présence de Dr Djamel Fourar, membre de la Commission de suivi de la propagation du coronavirus, pour émettre une Fatwa.

Finalement, la Commission ministérielle de la Fatwa a rendu son verdict en annonçant que l’observation du jeûne durant le ramadan qui intervient, cette année, dans un contexte de pandémie du coronavirus, est une obligation. Et pour se justifier, elle explique qu’aucune étude scientifique n’a conclu à un lien entre le jeûne et l’infection au coronavirus.

Du coup, le ministre de Affaires religieuses et des Waqfs, Youcef Belmahdi, a officiellement clôt le débat en annonçant ce lundi 20 avril 2020 que les Algériens devront jeûner normalement en dépit de la propagation du coronavirus. Et comme justification, il a expliqué que la pandémie n’affecte en rien le carême et que «seules les personnes souffrant de certains problèmes de santé sont dispensées de faire carême pendant le mois sacré».

Toutefois, pour ceux qui font le jeûne, le ministre a rappelé que pour cette année, à cause de la pandémie, les prières collectives de Tarawih qui se ont traditionnellement à la mosquée durant les soirée de ramadan, sont interdites. Du coup, les pratiquants doivent faire les Tarawih chez eux.

Ainsi, avec cette sortie, le ministre clôt le débat houleux sur le jeûne du ramadan en ces temps de la pandémie du coronavirus.

Quant aux médecins algériens, l’Association des ouléma musulmans algériens, se basant sur des textes coraniques et la sunna, a émis une fatwa le samedi 18 avril autorisant le personnel médical et paramédical en charge des patients atteints du coronavirus à ne pas jeûner durant le mois de ramadan.

Seulement, ces imams sont eux aussi contredits par la Commission ministérielle des fatwas qui annoncent que les personnes engagées directement dans la lutte contre l’épidémie sont tenues d’observer le jeûne, sauf pour des cas exceptionnels.

Rappelons enfin que concernant le début du mois de ramadan, la date de la nuit du doute du mois sacré est le jeudi 23 avril 2020, correspondant au 29 chaâbane 1441. Et en conséquence, le vendredi 24 avril pourrait être le premier jour du ramadan.

Par Karim Zeidane
Le 20/04/2020 à 18h39, mis à jour le 21/04/2020 à 15h40