Le corps de Chaïma a été retrouvé début octobre, après sa disparition, au niveau d'une station essence désertée à Thénia, près de Boumerdès, à l'est d'Alger. La jeune fille a été battue et violée avant d'être brûlée vive, selon les médias locaux.
Le suspect, passé aux aveux, est poursuivi pour "viol et homicide volontaire avec préméditation et guet-apens en utilisant la torture".
Il s'agit, selon la mère de la victime, d'une ancienne connaissance de la famille, contre laquelle la jeune fille avait porté plainte pour viol en 2016.
La mort de Chaïma a déclenché une vague d'indignation sur les réseaux sociaux, où les internautes fustigent un crime "crapuleux" et réclament justice.
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En mémoire de la victime, un message est largement partagé sur la toile: "Je suis Chaïma, j'ai été violée en 2016 et j'ai eu le courage de déposer plainte dans une société conservatrice. Je suis toujours Chaïma, on est en 2020 et j'ai été violée une nouvelle fois par le même violeur qui m'a poignardée et brûlée.#JeSuisChaïma".
Peine de mort
Dans une vidéo poignante diffusée sur les réseaux sociaux et reprise par les télévisions locales, la mère de la victime, s'adressant directement au président algérien, Abdelmadjid Tebboune, réclame l'exécution du coupable.
Sur internet également, le débat sur la peine capitale est relancé.
"L'exécution doit être appliquée au tueur, pour être un exemple pour tous ceux qui pensent à la même action", "Il faut ouvrir le débat sur la peine de mort, le monstre qui l'a tuée n'a pas sa place dans la société ni en prison", exhortent des internautes sur Twitter.
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Toutefois, la remise en cause du moratoire sur les exécutions, appliqué en Algérie depuis 1993, divise la société.
"La peine de mort n'est pas dissuasive. Elle est discriminatoire et ne protège pas les personnes les plus vulnérables", explique à l'AFP Hassina Oussedik, directrice d'Amnesty International pour l'Algérie.
"Ce n'est pas en revendiquant la peine de mort qu'on va lui rendre justice. C'est plutôt les lois qui doivent être changées et appliquées", plaide Algérie Féminicides, un compte Facebook qui pallie l'absence de statistiques officielles en faisant un travail de veille sur la question.
Algérie Féminicides a recensé jusqu'ici 38 féminicides pour la seule année 2020, une soixantaine en 2019.
"Briser le silence"
"Il faut faire bouger les mentalités et le système judiciaire pour la prise en charge psychologique et juridique des victimes. Lancer des campagnes nationales de sensibilisation, ouvrir des centres d'écoute et d'hébergement, et former les différentes institutions", préconise Mme Oussedik.
"L'infâme meurtre de Chaïma Saadou s'ajoute à une longue liste de féminicides, qui ne cesse de s'allonger devant le silence complice, la justification de la violence et l'absence de mesures réelles", a réagi le Collectif libre et indépendant des femmes de Béjaïa (nord-est).
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Afin de "briser le silence", le collectif appelle à manifester jeudi 8 octobre à Béjaïa.
L'élan de solidarité s'est étendu à d'autres villes, notamment à Oran, Constantine, Tizi Ouzou. A Alger, le Collectif des femmes algériennes pour un changement pour l'égalité organise un rassemblement le même jour devant la faculté centrale pour "dénoncer les crimes odieux de Chaïma, Ikram, Amira, Asma, Razika et des 38 femmes (victimes de féminicide) de l'année 2020".
Le président Tebboune a ordonné dimanche l'application des peines maximales, sans possibilité d'allègement ou de grâce, contre les auteurs de crimes d'enlèvement de personnes "quels qu'en soient les tenants et aboutissants".
En Tunisie voisine, le meurtre récent d'une jeune femme a également ranimé le débat sur la peine de mort. Le président Kais Saied s'est prononcé la semaine dernière en faveur de l'exécution du meurtrier présumé, remettant en cause le moratoire observé depuis trente ans.
"C'est toute la représentation de la femme dans l'imaginaire social qu'il faut reconstruire. Je suis contre la peine de mort. Toutefois, j'appelle à une lourde peine contre l'assassin de Chaïma", affirme une internaute sur Twitter.