Mohamed Talbi, le penseur tunisien qui a combattu durant des décennies l’obscurantisme religieux a tiré sa révérence dans la nuit de dimanche à lundi. Né en 1921 à Tunis, agrégé d'arabe et docteur en histoire de l'université de Paris-La Sorbonne, Talbi était l'un des "fondateurs de l'université tunisienne moderne".
Premier doyen de la Faculté des Lettres de Tunis, ce "grand intellectuel" de la Tunisie indépendante est l'auteur d'une trentaine d'ouvrages et de centaines d'articles, essentiellement en arabe et en français, qui lui ont valu nombre de distinctions.
Dans ces œuvres, et durant plus d'un demi-siècle, Mohamed Talbi, lui-même profondément croyant, aura combattu sans relâche les versions rigoristes de l'islam, prônant avec force une vision rénovée de la pensée musulmane.
La charia (loi islamique) est une "production humaine" qui n'a "rien à voir" avec l'islam, clamait-il ainsi en 2006 au quotidien français Le Monde, arguant que "la religion, quelle qu'elle soit, ne doit pas être une contrainte". "Je ne cesserai jamais de dire que l'islam nous donne la liberté", ajoutait-il.
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Soucieux de ne pas se mêler de politique sous la présidence de Habib Bourguiba (1957-1987), Talbi s'était en revanche rapidement opposé au régime de Zine el Abidine Ben Ali (1987-2011), entrant notamment en 1995 au Conseil national pour les libertés (CNLT), une ONG de défense des droits de l'Homme.
Persuadé que "l'islam est compatible avec la démocratie", il avait également pris position, après la chute de la dictature, contre le parti islamiste Ennahdha. Mohamed Talbi avait été fait chevalier puis officier de la Légion d'honneur dans les années 80 en France, au nom notamment de son combat pour le dialogue interreligieux