Dans l'univers très macho de l'église catholique, où la femme n'a toujours pas voix au chapitre, les sœurs issues essentiellement d'Afrique et d'Amérique latine sont traitées comme des servantes dans le meilleur des cas. Les témoignages donnent froid dans le dos et renvoient littéralement à un statut "d'esclave".
Si l'information venait d'une source éloignée du Vatican, il aurait était possible d'en douter, même si l'évidence est frappante. En revanche, elle "émane d’une source au-delà de tout soupçon: l’enquête a été publiée dans les pages du supplément mensuel «Donne chiesa mondo» (Femme église monde) de l’Osservatorio romano, édité dans la Cité du Vatican par le secrétariat pour la communication du Saint Siège", prévient Le Petit Journal, qui reprend plusieurs témoignages. Cette publication, bien qu'elle ne soit pas un organe officiel, est néanmoins l'une des sources officielles du Vatican aux côtés de Radio Vatican et du Centre télévisé du Vatican, souligne le même site d'information.
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Alors, que disent ces témoignages? De façon générale, les sœurs affectées au service des prêtres hommes, notamment les cardinaux, sont obligées de se lever dès l'aube et de se coucher tard. Entre ces deux moments, il faut être aux petits soins des hommes d'église: préparer les trois repas, laver et repasser les habits, maintenir les domiciles propres et bien rangés, etc. Pis, elles n'ont pas le droit de manger ensemble avec ceux qui se comportent vis-à-vis des sœurs, plus en maîtres qu'en religieux ou père de famille. "Certaines religieuses, employées au service des hommes de l’Eglise, se lèvent à l’aube pour préparer le petit-déjeuner et vont se coucher une fois le dîner servi, la maison en ordre, le linge lavé et repassé", témoigne l'une d'elles, d'origine africaine. Et pour tout ce travail, il n'y a pas de salaire précis.
Si les religieux hommes peuvent occuper des postes en fonction de leurs formations et compétences, les sœurs, quant à elles, doivent se contenter de la corvée du ménage. "J’ai connu des sœurs possédant un doctorat en théologie et qui, du jour au lendemain, ont été envoyées à cuisiner et laver les plats, des missions sans aucun lien avec leur formation intellectuelle", explique sœur Paule. Une autre affirme travailler dans un centre dédié à l'éducation, mais ne perçoit aucun salaire quand ses collègues laïcs sont payés rubis sur l'ongle.
L'affaire, révélée début mars, commence à faire grand bruit et la presse internationale s'y intéresse de plus en plus. Pas plus tard que ce matin du mercredi 4 avril 2018, Radio France internationale (RFI) a consacré un dossier dans sa rubrique Bonjour L'Europe où elle donne la parole à Marie Lucile Kubacki, la journaliste française, par qui le scandale est révélé.