C'est cette semaine que se tient le salon du livre d'Alger, la plus grande manifestation culturelle du pays, qu attire, chaque année, des centaines de milliers de visiteurs. Cette année, c'est la Chine qui est l'invité d'honneur et elle n'est pas venue seule, puisque le prix Nobel 2012 de littérature, Guan Moye, alias Mo Yan, figure parmi les auteurs qui honorent cette manifestation de leur présence.
Hier, mardi 30 octobre, le Pavillong G du Palais des expositions des Pins maritimes d'Alger était noir de monde. Il s'agit de la première visite d'un lauréat de l'Académie de Genève à Alger, même si un certain Albert Camus, né d'une famille de pieds-noirs, fut diplômé de l'Université d'Alger en 1936.
Le nom d'auteur de Guan Moye, Mo Yan, signifie en mandarin "celui qui ne parle pas". Mais hier, l'auteur du Clan du Shogun rouge ne pouvait pas esquiver ni les nombreux visiteurs expressément venus pour lui, ni les dizaines de journalistes.
Il a reconnu ne rien connaître de la littérature africaine en général, algérienne en particulier. En effet, l'auteur de Le chantier, Déluge, La Faute ou encore La rivière tarie ne lit que des ouvrage en mandarin. Par conséquent, les seuls auteurs qu'il connaît réellement sont plutôt égyptiens, en l'occurrence Naguib Mahfouz et Djamel Al Ghitani. Il a toutefois dit regretter cette méconnaissance, puisque selon lui, les grands auteurs dans le monde et les ouvrages littéraires de qualité ne trouvent pas forcément écho auprès du public parlant le mandarin ou le cantonnais.
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En ce qui concerne la langue arabe, il estime que l'on ne dépasse pas la proportion d'un livre sur mille qui serait traduit dans les langues principales parlées en Chine. "Je suis convaincu que la littérature arabe est très riche. Quand on parle de l’influence de Gabriel Garcia Marquez sur la littérature mondiale, on doit aussi dire que Marquez lui-même a été influencé par la littérature arabe", a-t-il souligné.
Mais selon lui, son oeuvre romanesque n'est pas influencée par celle de Gabriel Marquez. Mo Yan revendique plutôt un concept l'amenant à "transposer l'imaginaire vers le réel". A la différence du Colombien Marquez, l'écrivain chinois estime que le milieu paysan a nettement plus d'influence sur ses écrits.
A ceux qui ont voulu le mettre sur un piédestal, l'auteur a modestement rappelé que le Prix Nobel n'est pas similaire à une compétition sportive. Certes, cette récompense lui a permis de fortement augmenter les ventes de ses livres, qui sont passés de 200.000 à 2 millions d'exemplaires, mais il estime que beaucoup d'autres auteurs auraient mérité la même distinction.
Le plus important, selon Mo Yan, est de produire des ouvrages de qualité, en s'appliquant.