La Banque mondiale table sur un ralentissement de la croissance en 2016 en Afrique subsaharienne

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Le 08/06/2016 à 13h13

Le trend baissier de la croissance économique de l’Afrique subsaharienne devrait se poursuivre en 2016, selon les prévisions de la Banque mondiale. La croissance du PIB de la région devrait s’établir à 2,5% cette année, contre une estimation de 3% en 2015.

Dans son dernier rapport sur les Perspectives pour l'économie mondiale, publié le 7 juin, la Banque mondiale ramène ses prévisions de croissance mondiale pour 2016 à 2,4%, par rapport aux 2,9% annoncés en janvier dernier. Cette décision s'explique par les taux de croissance anémiques enregistrés dans les économies avancées, la faiblesse persistante des prix des produits de base, l'atonie du commerce mondial et la diminution des flux de capitaux.Selon ce rapport, les marchés émergents et les pays en développement exportateurs de produits de base ont du mal à s'adapter à la faiblesse des cours du pétrole et d'autres produits essentiels, ce qui explique la moitié de cette révision à la baisse. La marge de progression escomptée dans ces économies est d'à peine 0,4% cette année, soit 1,2% de moins que les chiffres annoncés en janvier dernier.Alors que les pays émergents, jusque-là locomotives de l’économie mondiale, enregistrent des performances mitigées (croissance légèrement en baisse en Chine, presque nulle en Afrique du Sud, récession au Brésil et en Russie), en Afrique subsaharienne, les prévisions font état d'un ralentissement continu de la croissance, qui devrait s'établir à 2,5% en 2016, contre une estimation de 3% en 2015.L'hypothèse retenue est une faiblesse persistante des prix des produits de base, une baisse de l'activité mondiale et un durcissement des conditions de financement. Alors que les pays exportateurs de pétrole ne devraient pas voir leur consommation augmenter de façon substantielle, chez les importateurs de pétrole, le recul de l'inflation devrait stimuler la consommation des ménages.Cet avantage pourrait néanmoins être atténué par le renchérissement des produits alimentaires du fait de la sécheresse, le niveau élevé du chômage et la dépréciation des monnaies. L'investissement devrait ralentir dans bon nombre de pays à mesure que les pouvoirs publics et les investisseurs réduisent ou repoussent leurs dépenses d'équipement dans un climat d'assainissement des finances publiques.«Ce ralentissement démontre l'importante nécessité pour les pays d'appliquer des politiques qui favorisent la croissance économique et améliorent les conditions de vie des personnes vivant dans une pauvreté extrême», affirme le président du Groupe de la Banque mondiale, Jim Yong Kim.Selon lui, la croissance reste le principal déterminant de la réduction de la pauvreté, et «c'est la raison pour laquelle nous sommes très inquiets de la voir ralentir brusquement dans les pays en développement exportateurs de produits de base en raison de la faiblesse des prix dans ce secteur».Le rapport de la Banque mondiale montre, en outre, que les marchés émergents et les économies en développement qui importent des produits de base sont «plus résilients que les pays qui en exportent», même si les effets positifs de la baisse des prix des produits énergétiques et d'autres tardent à se matérialiser.Ces marchés et ces économies devraient afficher une croissance de 5,8% en 2016 -soit un peu moins que les 5,9% estimés pour 2015- en raison d'une embellie de l'activité économique favorisée par la faiblesse des prix des produits énergétiques et une légère reprise dans les économies avancées.

Par Ibrahima Diallo (Dakar, correspondance)
Le 08/06/2016 à 13h13