Le rapport 2017 d'Oxfam dénonce ces milliards de dollars que l'Afrique offre aux plus riches

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Le 16/01/2017 à 19h21, mis à jour le 16/01/2017 à 21h00

En prélude au Forum économique mondial, l'ONG Oxfam sort son rapport 2017 sur les inégalités dans le monde pour asséner des vérités aux riches, mais également aux pays moins nantis qui jouent le jeu des multinationales. L'Afrique offre 14 milliards de dollars de cadeaux fiscaux aux multinationales.

Oxfam n'y va pas par quatre chemins pour mettre en lumière les inégalités dans le monde, à la veille de l'ouverture, mardi 17 janvier 2017, des travaux du Forum économique mondial. Cette année, les huit personnes les plus riches possèdent plus de patrimoine que les 3,5 milliards de personnes les plus pauvres, soit la moitié de la population mondiale. Mais, le plus étonnant c'est qu'il arrive souvent que les pauvres ou plutôt les gouvernants des pays les moins nantis jouent le jeu des multinationales et des personnes les plus riches. Car pour attirer les investisseurs, le continent est obligé de s'ouvrir à la concurrence fiscale mondiale.

Il arrive en outre que les multinationales imposent leur loi à des nations africaines, uniquement pour leur arracher quelques centaines de millions de dollars de plus. "Par exemple, les sociétés pétrolières, telles Shell, ont activement fait pression sur le Nigeria pour éviter toute hausse des impôts sur les bénéfices".

"À elle seule, l'Afrique subit un manque à gagner fiscal de 14 milliards de dollars à cause des grandes fortunes utilisant des paradis fiscaux", souligne l'ONG dirigée par l'Ougandaise Winnie Byanyima. Et d'ajouter: "D'après les calculs d'Oxfam, cela suffirait pour financer des soins de santé qui pourraient sauver la vie de quatre millions d'enfants et pour employer assez d'enseignants et scolariser tous les enfants africains".

Visiblement, ce phénomène est plus accentué dans certains pays que dans d'autres. Ainsi, "le Kenya perd-il chaque année 1,1 milliard de dollars en exonérations fiscales accordées aux entreprises, soit près du double du budget de la santé dans un pays où une femme sur 40 décède lors de l'accouchement", souligne toujours Oxfam. Selon l'ONG, il ne faut pas s'attendre à ce que les bénéficiaires de tels avantages y renoncent. Car "deux éléments motivent un tel comportement de la part des entreprises: la priorité donnée à la rentabilité à court terme pour les actionnaires et l'intensification du «capitalisme de connivence». "Et les inégalités entre riches et pauvres au sein d'une même nation ne sont pas l'apanage du monde développé. Cela existe bel et bien en Afrique.

L'ONG, visiblement très présente en Afrique de l'Est, cite à nouveau le pays de Jomo Kenyatta. «Au Kenya, le fossé entre les riches et les pauvres tourne parfois à l’humiliation. Il y a comme un mur qui sépare les riches des plus pauvres. Certains de leurs enfants conduisent des voitures et en passant sur le bord de la route, ils vous laissent couverts de saletés et autres poussières. S’il pleut, vous serez trempés», témoigne Jane Muthoni, membre de Shining Mothers, un groupe communautaire soutenu par Oxfam.

Par Mar Bassine Ndiaye
Le 16/01/2017 à 19h21, mis à jour le 16/01/2017 à 21h00