Il y a eu récemment, la question des sociétés dites d'Agrobusiness en Côte d'Ivoire, mais bien avant, en 2010, ce sont les entreprises similaires qui avaient fait des dizaines de milliers de victimes ayant perdu plus de 155,6 milliards de FCFA. L'affaire avait fait grand bruit au point où plusieurs têtes étaient tombées, y compris un ministre de l'Intérieur, un procureur et de hauts fonctionnaires. Même le FMI avait enquêté sur le sujet. Pour calmer la colère des Béninois, l'ex-président Boni Yayi est allé jusqu'à promettre le remboursement des dizaines de milliers de victimes.
Aujourd'hui, jeudi 29 juin, le procès de Guy Akplogan, Emile Tegbénou, Nonhèmi Agossou et Nicolas Houngbèmè s'ouvre à la Cour d'assises de Cotonou, au Bénin. Ces personnes sont celles qui étaient à la tête de la société dénommée Investment Consultancy and Computering Services (ICC Services), laquelle avait collecté près de 70% des fonds concernés par cette vaste fraude.
Au total, 28 personnes seront attraites à la barre pour comparaître, dont six sont en détention provisoire depuis 7 ans.
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ICC Services et 62 autres structures promettaient à leurs épargnants un taux d'intérêt mirobolant, leur offrant de tripler leur mise initiale en peu de temps. Il n'en fallait pas plus pour pousser entre 149.613 déposants à leur confier leur épargne. Ces chiffres proviennent des déclarations reçues par le ministère des Finances. Ils sont repris par le rapport du Fonds monétaire international (FMI) qui a estimé que l'arnaque portait sur quelque 300 millions de dollars.
En réalité, les Béninois retirent en masse leur argent déposé auprès des banques, et surtout de la Caisse d'épargne, pour investir dans les promesses d'ICC Services.
Ils ont tous été ruinés ou presque, puisque cette prétendue entreprise providentielle ne faisait que rémunérer les premiers épargnants avec les fonds des seconds. Le tout fonctionnait dans une arnaque de type Ponzi et les autorités ont tardé à réagir parce que les initiateurs de ce système louche savaient s'y prendre avec des personnalités politiques ou judiciaires très haut placées.
Ainsi, Armand Zinzindohoué, alors ministre de l'intérieur et qui était donc dans le tout premier cercle du pouvoir de 'ex-président Boni Yayi, a été limogé. On lui reprochait d'avoir couvert les agissements des dirigeants d'ICC Services. De même, Constant Amoussou, le procureur de la Cour d'appel ainsi que le responsable de la Cellule de surveillance des structures financières de l'époque ont également été arrêtés en 2010. Constant Amoussou, lui, est jugé de manière séparée. Son procès s'était ouvert fin avril dernier, avant que le tribunal ne décide d'un renvoi à une date ultérieure.
L'enjeu du procès qui vient de s'ouvrir est de déterminer les degrés de responsabilité des uns et des autres, et surtout de voir s'il est possible de rembourser quelques 80.000 épargnants grugés. En effet, les 8,3 milliards de Fcfa saisis avaient permis de rembourser surtout les victimes ayant perdu des sommes modestes. L'écrasante majorité attend toujours.