Cameroun. Corruption: l’Etat a perdu 1300 milliards de francs CFA en cinq ans

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Le 28/12/2017 à 18h01, mis à jour le 28/12/2017 à 18h05

La Commission nationale anti-corruption (CONAC) vient de rendre son rapport 2016, estimant que le phénomène est en baisse mais demeure préoccupant, notamment au niveau des services de douane.

Le montant fait froid dans le dos, surtout lorsque la Commission nationale anti-corruption (CONAC) indique qu’il est en baisse par rapport aux exercices précédents.

En effet, dans son rapport annuel 2016, rendu public il y a quelques jours à Yaoundé, cet organe de lutte contre la corruption affirme qu’entre 2010 et 2016, il a enregistré 2402 dénonciations de corruption et après investigations, les préjudices financiers subis par l’Etat du Cameroun s’évaluent à 1.302 milliards de francs CFA, soit 2 milliards d'euros. C’est un peu plus du quart du budget de l’Etat qui, en 2016, était de 4.234,7 francs CFA.

La CONAC indexe cinq secteurs majoritairement touchés par la corruption. En tête de file, les services de la douane, avec 1.283 milliards distraits. Suivis des trésoreries générales des villes de Buea (chef-lieu de la région du Sud-Ouest où est produit le pétrole) et Bertoua (chef-lieu de la région de l’Est, principale productrice de bois et mines). Ces deux trésoreries ont vu fondre 19 milliards de francs CFA dans la nature.

Le troisième pool de corruption, l’Office national du cacao et du café (ONCC), a perdu 153 millions de francs CFA. Le secteur des travaux routiers 124 millions de francs CFA et enfin celui de l’exploitation illégale des bois, 12 millions de francs CFA.

Sur le cas des douanes par exemple, la CONAC explique que les cas de détournements concernent la période allant de 2010 à 2015.

Les investigations ont porté sur les procédures douanières, le dédouanement et la gestion informatique. Il en résulte des déperditions imputables aux autorités de l’Etat et aux fonctionnaires de la douane. Les missions de la CONAC ont relevé une carence en matière de manifeste, ce qui rend aléatoire la détermination des éléments de la base taxale. Il y a aussi la persistance des recouvrements manuels et le non respect du principe de l’universalité budgétaire. Toute chose qui se manifeste par des exonérations, des annulations et des avantages exorbitants et injustifiés.

Que dire des avoirs des fonctionnaires de douane? A titre d’illustration, selon la CONAC, il existe à Douala, capitale économique du Cameroun, une localité baptisée «Quartier des douaniers», du fait des villas cossues appartenant aux gabelous. L’un d’eux, préposé aux douanes, récemment passé adjudant, est propriétaire de 28 propriétés immobilières, 5 camions remorques et 5 bus Coaster.

Par Elisabeth Kouagne (Abidjan, correspondance)
Le 28/12/2017 à 18h01, mis à jour le 28/12/2017 à 18h05