Niger: hausse généralisée des prix

VidéoComme partout dans le monde, le Niger n'échappe pas à la hausse généralisée des prix des produits de première nécessité, comme le sucre, l'huile, la viande ou encore l'oignon. Une situation de plus en plus intenable pour les ménages.

Le 15/03/2022 à 10h41

Depuis quelques semaines, Cherifa Moussa, restauratrice à Niamey, a dû revoir à la hausse son budget d’approvisionnement. Et pour cause, bon nombre des denrées alimentaires qu’elle utilise généralement ont augmenté de prix. Même si, pour l’instant, elle n’a pas encore répercuté cette hausse sur ces plats de repas vendus, elle sait que c’est une question de temps.

«Le sucre en poudre, je l’ai acheté à 1000 fcfa le kilo alors qu’il était à 600 fcfa avant. Le litre d’huile qui était à 800 fcfa fait 1200 fcfa aujourd’hui. La viande pareille, le kilo est passé de 2500 à 3000 fcfa. Pour le moment, je n’ai pas augmenté le prix de vente de mes plats de repas, mais je sais qu'avec le temps, je serais obligé de le faire», explique Cherifa Moussa.

Outre la viande, l’huile, les céréales ou le sucre, le prix de la baguette de pain à aussi connu une hausse passant de 175 fcfa à 225, voire 250 fcfa par endroit. Sur les marchés, cette hausse généralisée des prix inquiète les consommateurs.

«Depuis trois mois, on constate une augmentation sans précédent des prix, notamment des produits de première nécessité. La grande tasse d'oignon qu'on achetait avant entre 3000 et 3500 fcfa a augmenté jusqu'à 7000 fcfa, e même pour l'huile, le bidon de 5 litres est vendu sur le marché à 7000 fcfa alors qu'avant il était à 4500 fcfa. On est à quelques jours du mois de Ramadan, c'est le citoyen pauvre qui va souffrir davantage. Les autorités doivent vraiment agir pour résoudre ce problème», explique Bachir Salamatou, ménagère. «C'est vraiment inquiétant de constater que pratiquement tous les produits ont augmenté de prix.

Avec le mois du Ramadan qui s'approche, ça serait très difficile à cette allure. On devrait alors prier pour un retour à la normale», explique Aboubacar Sadik, riverain.

Selon l’Association de défense des droits des consommateurs, les causes profondes de cette hausse généralisée peuvent être classées en trois catégories

«Les causes profondes (de ces augmentations de prix, ndlr) sont de deux, voire trois catégories. La première c’est l’héritage de l’année 2021 en termes de problèmes de disponibilité des denrées de première nécessité; la seconde cause c’est la mauvaise récolte de la campagne agricole 2021; la troisième cause c’est la fiscalité. En 2005, souvenez-vous, l’État a détaxé certains produits pour permettre aux consommateurs d’y accéder et aussi pour faciliter l’importation. Il s’agit de l’huile, de la farine de blé, du sucre et bien d’autres produits. A partir de 2018, la TVA, qui était très dérisoire sur ces produits, a commencé à augmenter jusqu'à revenir à 19% en décembre 2021», explique Mahaman Nouri, président de l’association de défense des droits des consommateurs.

Pour bon nombre d’observateurs, cette situation va encore perdurer si les sanctions économiques prises contre le Mali ne sont pas levées, et si la guerre entre la Russie et l’Ukraine n’est pas réglée. Le gouvernement nigérien, conscient de la situation, multiplie déjà les initiatives pour atténuer, sur le long terme, les effets de cette hausse pour les consommateurs.

Par Aboubacar Sarki (Niamey, correspondance)
Le 15/03/2022 à 10h41