Entre dimanche et lundi en fin de journée, le taux de change de la livre par rapport au billet vert, quasi-inchangé depuis deux ans, est passé de 15,6 à 18,2 livres pour un dollar, selon la Banque centrale égyptienne.
Face à une inflation qui a atteint 10% sur un an en février, la Banque centrale réunie dimanche soir en urgence a relevé les taux d'intérêt d'un point. Le taux de dépôt est ainsi passé à 9,25% et celui sur les prêts à 10,25%.
L'inflation est portée par les prix des aliments en hausse de 20,1%, selon les chiffres officiels.
La Banque mondiale avait déjà prévenu qu'une hausse de 30% des prix des aliments pourrait faire grimper de 12% le taux de pauvreté, qui touche déjà près du tiers des 103 millions d'Egyptiens.
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Alors que la livre n'a cessé de chuter au fil des heures lundi, le ministère des Finances a annoncé dans l'après-midi un taux de change douanier provisoire fixe à 16 livres pour un dollar, ainsi que sept milliards de dollars de mesures de soutien aux plus pauvres.
Lors d'une conférence de presse diffusée lundi par la télévision d'Etat, le gouverneur de la Banque centrale d'Egypte, Tarek Amer, a expliqué que les décisions de son institution visent à «préserver la liquidité en devises et la confiance des investisseurs étrangers, de sorte qu'un mouvement de correction du taux de change devrait refléter les développements internationaux».
Il a jugé que les décisions étaient «cohérentes avec nos partenaires internationaux dont nous avons besoin pour financer bon nombre de nos besoins».
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Récemment, la banque JP Morgan avait anticipé une dévaluation dans le plus peuplé des pays arabes, qui avait déjà dévalué sa monnaie de près de 50% en 2016 dans le cadre d'un plan d'austérité décrété en échange d'un prêt de 10,8 milliards d'euros du Fonds monétaire international (FMI).
L'Egypte, qui importe 85% de son blé et 73% de son huile de tournesol d'Ukraine et de Russie, subit de plein fouet la flambée inédite des prix des céréales et du pétrole née de l'invasion par Moscou de son voisin.
Pour la première fois, Le Caire a décidé d'encadrer le prix du pain non subventionné, à une dizaine de jours du ramadan, période synonyme de dépenses alimentaires pour les ménages.
Le budget du pays d'environ 160 milliards de dollars est grévé par une dette publique qui atteint 90% du PIB.
Le Caire s'est engagé dans une refonte de sa fiscalité mais peine à contrôler le secteur informel, qui représente selon des chercheurs plus du tiers de son activité économique.