Burkina Faso: la menuiserie en rotin indémodable malgré la rude concurrence

VidéoMoustapha Konté, jeune rotinier, persévère malgré les défis auxquels fait face son art. Les meubles en rotin faits de lanières et de bambous continuent de garder leur charme et de faire face à l'ébénisterie qui utilise le bois, la colle et les pointes.

Le 15/05/2022 à 10h29

La trentaine révolue, Moustapha Konté cumule plusieurs années d’expérience dans la menuiserie rotin. Artisan passionné par la matière, il doit son professionnalisme à un parcours né au hasard des rencontres et au cours duquel il a développé ses brillantes qualités.

« Au début, je voyais le rotin dans le quartier. J’avais un ami qui travaillait dans un atelier où on faisait du rotin. Je lui ai demandé s’ils ne voulaient pas d’un apprenti à leur côté. C’est alors qu’il m'a arrangé un entretien avec la patronne qui m’a tout de suite accepté », confie-t-il.

Il n’oublie pas les premiers objets réalisés de ses mains. Devenu plus tard professionnel, Konté peut quasiment tout faire avec du rotin. Il s’est aussi spécialisé dans l’ameublement (salons, étagères, lits, tables à manger, luminaires etc.), un secteur aujourd'hui en proie à la concurrence face à la menuiserie ébéniste.

Cependant, malgré les défis, le rotin, à l’en croire, reste indémodable du fait de sa rareté mais aussi du profil des clients du secteur, qui sont en majorité des expatriés. Il a vu son chiffre d'affaires augmenter d’année en année dans ce travail entièrement fait à la main. Aujourd’hui, il caresse le rêve d’exporter son savoir-faire au-delà du Burkina Faso.

« En fin d’année, les paniers sont très prisés et au mois de ramadan. Et pourtant il n’existe pas de panier en rotin au Niger par exemple. Ils importent ça de la Côte d’Ivoire. Alors que c’est beaucoup plus facile pour eux de le faire à partir du Burkina Faso. Parce que nous avons une frontière commune…» explique Moustapha. 

Konté, comme tous les rares artisans de son secteur, importent la matière première de la Côte d’ivoire voisine. Depuis un certain temps, ils sont eux aussi confrontés aux conséquences de la double crise sanitaire et sécuritaire qui a secoué le pays (Covid-19 et terrorisme). L’approvisionnement en rotin reste, hélas, difficile et le contexte international de crise économique pourrait rendre encore plus difficile l’acheminement du rotin vers le Burkina Faso.

Par Jean-Paul Windpanda Ouédraogo (Ouagadougou, correspondance)
Le 15/05/2022 à 10h29