La Banque centrale d’Egypte a, comme attendu, relevé très fortement son taux directeur pour faire face à l’inflation galopante. Le Comité de politique monétaire de l'institution a relevé la totalité de ses taux d’intérêt de 200 points de base. Ainsi, le taux de dépôt au jour le jour, le taux de prêt au jour le jour et le taux des opérations principales ont été relevés de 200 points chacun pour s’établir à respectivement 11,25%, 12,25% et 11,75%. De même, le taux d’actualisation a été relevé de 200 points à 11,75%.
Ces décisions ont été prises afin de contrer l’inflation à deux chiffres que connaît le pays depuis plusieurs semaines. Celle-ci s’est établie à 14,9% en avril, contre 4,4% à la même période de l’année dernière, à cause notamment de la flambée des prix alimentaires, dont l’indice a augmenté de 20,1%, selon les données officielles.
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Derrière cette forte inflation, il y a d’abord l’impact de la dévaluation de 17% de la livre égyptienne par rapport au dollar le 21 mars dernier, se traduisant par un renchérissement des prix des produits importés.
Ensuite, il y a l’impact de la flambée des cours des produits agricoles et alimentaires sur le marché mondial à cause de la guerre entre la Russie et l'Ukraine. L'Egypte importe en effet 85% de son blé et 75% de son huile de tournesol de cette région. La crise affecte la chaîne d’approvisionnement mondiale, accentuant la hausse des prix mondiaux des produits agricoles et de certaines matières premières.
Enfin, cette hausse des prix s’explique aussi par les conditions météorologiques défavorables et la hausse des prix des engrais qui ont contribué à la hausse des prix des fruits et légumes cultivés en Egypte.
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Notons que la Banque mondiale prédit une hausse de 30% des prix des aliments en Egypte avec comme conséquence la hausse de 12% du taux de pauvreté dans le pays. Afin d’atténuer l’impact de la dévaluation, le gouvernement avait annoncé le déblocage de 7 milliards de dollars de mesures de soutien aux populations les plus pauvres.
A travers l'augmentation de ses taux directeurs, la Banque centrale d’Egypte essaye ainsi d’atténuer la pression inflationniste en limitant les recours aux emprunts et en diminuant la demande de biens et de services dans le but d’apaiser la tension sur les prix.
Cependant, cette mesure peut porter préjudice à l’investissement en entraînant une hausse des taux de crédit et donc freiner la croissance. Cela pourrait être un frein à la reprise économique, après deux années de crise sanitaire qui ont impacté durement l’économie égyptienne qui avait commencé à renouer avec la croissance.