George Clooney dénonce l'enrichissement des belligérants du Soudan du Sud

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Le 13/09/2016 à 10h03, mis à jour le 13/09/2016 à 10h20

La star de Hollywood, George Clooney, a accusé les belligérants de la guerre civile qui ravage le Soudan du Sud depuis trois ans de profiter du chaos pour s'enrichir. Ces accusations sont portées dans un rapport d'enquête dévoilé lundi 12 septembre à Washington.

Derrière la guerre qui oppose les deux dirigeants du Soudan du Sud, le président Salva Kiir et son ex-vice président Riek Machar, avec son lot de morts et de déplacés, se cache aussi un enrichissement des dirigeants de ce dernier Etat indépendant d’Afrique.

Pour le Soudan du Sud -un pays né en juillet 2011 sous parrainage des Etats-Unis mais en guerre civile depuis décembre 2013- George Clooney, acteur américain et cofondateur du groupe d'investigation The Sentry qui enquête sur le financement des conflits en Afrique, a présenté ses travaux à la presse aux côtés du comédien américain Don Cheadle et du défenseur des droits de l'homme John Prendergast.

La star américaine, réputée pour son engagement politique et humanitaire, a également été reçue "brièvement" par le président Barack Obama, selon un responsable américain.

Le rapport de The Sentry accuse l'élite politique et militaire sud-soudanaise, en premier lieu le président Salva Kiir et son ancien vice-président devenu son ennemi à la tête de la rébellion, Riek Machar, de s'être enrichie durant la guerre civile. "Les dirigeants politiques, en fin de compte responsables des atrocités au Soudan du Sud, ont en même temps réussi à accumuler des fortunes, en dépit de leurs modestes salaires de membres du gouvernement", dénoncent George Clooney et les autres rédacteurs du rapport.

Lors d'une conférence de presse, l'acteur a accusé les belligérants d'avoir perpétré "des atrocités de masse contre leurs concitoyens" et d'être responsables de "famines et de viols, tout en pillant les ressources du pays et en s'enrichissant".

D'après The Sentry, les familles des élites sud-soudanaises "vivent souvent à l'étranger dans des villas de luxe de plusieurs millions de dollars, passent leurs vacances dans des hôtels cinq étoiles, et récoltent les bénéfices de ce qui semble être un système de népotisme et de contrats douteux".

Mais "la population du pays souffre des conséquences d'une guerre civile brutale, et dans de nombreux endroits, connaît des conditions de vie proches de la famine".

Et si la rivalité politique a été la cause de la guerre, son "principal catalyseur" est en fait "la compétition pour (...) le contrôle des abondantes ressources naturelles du pays", notamment le pétrole.

Impunité

En outre, The Sentry dénonce l'impunité des protagonistes de la guerre. "Les dirigeants du Soudan du Sud ne prennent plus au sérieux les menaces des Nations unies, des Etats-Unis et d'autres pays de punir leurs actes", a tonné Prendergast, en allusion aux sanctions prises par l'ONU et Washington contre certains dirigeants sud-soudanais, mais sans grand effet sur le règlement du conflit.

Les combats, qui avaient éclaté à Juba le 15 décembre 2013 lorsque le président Kiir avait limogé son vice-président Machar après l'avoir accusé de comploter contre lui, s'étaient étendus ensuite dans le pays, avec des exactions sans précédent, des destructions et des viols collectifs.

Le Soudan du Sud est devenu indépendant en juillet 2011 par la partition du Soudan, au terme de 25 ans de guerre civile.

Les Etats-Unis ont piloté la naissance de ce pays, mais sans avoir anticipé les rivalités personnelles et ethniques et sans avoir pu empêcher cette terrible guerre civile depuis près de trois ans.

Plusieurs dizaines de milliers de Sud-Soudanais ont été tués, 2,5 millions ont fui leurs foyers et près de cinq millions, soit plus d'un tiers de la population, font face à une insécurité alimentaire "sans précédent", selon l'ONU.

Riek Machar a dû fuir le pays il y a quelques semaines avec des centaines de ses partisans: il a transité par la République démocratique du Congo voisine avant de gagner le Soudan.

Par Le360 Afrique (avec AFP)
Le 13/09/2016 à 10h03, mis à jour le 13/09/2016 à 10h20