Kiosque Le360 Afrique. L’Association des chrétiens du Nigéria (CAN) a vivement critiqué le secrétaire d’Etat américain, John Kerry, à propos de sa visite au Nigéria. La CAN estime qu’il y a eu manifestement une discrimination tendant à diviser un pays, déjà très peu uni, rapporte Vanguard, un journal plutôt proche de l’opposition nigériane.
Le palais du Sultan est-il devenu un palais présidentiel?
Le révérend Supo Ayokunlé affirme que "cette visite ne fera que légitimer les plans du gouvernement fédéral visant à persécuter les nombreux chrétien du Nigéria". La colère du révérend s’explique par le fait que durant ses deux jours de visite, John Kerry a rendu visite au Sultan de Sokoto Sa’ad Abubacar III, dans le propre palais de ce dernier. Il s’est entretenu avec 19 gouverneurs du Nord du Nigéria à dominante musulmane.
D’ailleurs, seuls trois parmi ces 19 gouverneurs sont chrétiens, souligne le journal. Le fait est que cette rencontre avec les gouverneurs a eu lieu au Palais présidentiel. Rien n’empêchait que les gouverneurs du sud soient eux aussi invités. Selon le révérend Ayokunle, il s’agit d’un pied de nez à l’hétérogénéité du pays. Cela a poussé le dignitaire chrétien à poser la question de savoir si le palais du Sultan était devenu un palais présidentiel.
Des Sultans plus puissants que l'administration centrale
Pour rappel, le Nigéria a la particularité d'avoir gardé sa chefferie traditionnelle. Parmi les deux rois les plus puissants du pays, figurent le Sultan de Sokoto et celui de Kanu. La plupart des populations de ces régions obéissent aveuglément à ces sultans. Mais, la question se pose de savoir quelle est la réelle motivation de Kerry pour se rendre jusqu'à Sokoto.
Buhari divise le Nigéria
En réalité cette sortie au vitriol contre le chef de la diplomatie américaine cache un terrible malaise. Le Nigéria, si prompt à réclamer la séparation d'un certain pays du Nord du continent, connaît un terrible malaise de la part de sa population du Sud. La communauté internationale n'est peut-être pas attentive à ce qui s'y passe, mais il ne serait pas étonnant que le Sud demande la sécession d'avec le Nord. Le président Muhammad Buhari n'y sera pas étranger. Lui, plus que tous ses prédécesseurs, néglige le Sud du pays et a une gestion peu amène de la frustration d'un Sud qui détient la totalité des ressources pétrolières du pays.