Gambie-législative: faible affluence au premier scrutin post-Jammeh

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Le 06/04/2017 à 15h13

Les Gambiens élisaient ce jeudi leurs députés. Il s'agit du premier scrutin depuis le départ de Yahya Jammeh. Il suscite l'espoir d'un rééquilibrage des pouvoirs après 22 ans de toute-puissance de l'exécutif, mais la participation s'annonçait décevante.

Un peu plus de 886.000 électeurs, sur quelque 2 millions d'habitants, doivent choisir leurs députés parmi 238 candidats, issus de neuf partis politiques ou de listes indépendantes, un record de candidatures selon la Commission électorale (IEC). Les premiers résultats sont attendus dès jeudi soir.

En Gambie, pays anglophone enclavé dans le territoire sénégalais hormis sa façade atlantique, le Parlement monocaméral compte 58 députés: 53 élus et cinq nommés par le président pour un mandat de cinq ans.

Yahya Jammeh est parti en exil en Guinée équatoriale en janvier, à la suite d'une intervention militaire de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (Cédéao) et d'une ultime médiation guinéo-mauritanienne pour le forcer à céder le pouvoir.

Déclaré battu de moins de 20.000 voix à l'élection présidentielle du 1er décembre après plus de 22 ans de pouvoir sans partage, il a contesté pendant six semaines sa défaite face à Adama Barrow, candidat d'une large coalition.

Aucun incident n'a été signalé à l'ouverture des bureaux de vote à 08H00 (locales et GMT), mais l'affluence était faible à Jeshwang, comme à Bakau, deux quartiers situés à la périphérie de Banjul, la capitale, ont constaté des journalistes de l'AFP.

"Le seul moyen pour nous Gambiens de consolider notre démocratie fraîchement acquise est d'élire des personnes compétentes pour nous représenter au Parlement et faire du programme de réforme du gouvernement une réalité", a confié une électrice, Fatou Suwareh.

"Nous votons pour ceux qui faciliteront le retour de notre héros", a affirmé un autre, Omar Bojang. "Le président Jammeh est notre leader. Nous l'aimons", a-t-il lancé.

Coalition anti-Jammeh divisée

Le ministre des Affaires étrangères Ousainou Darboe, chef du Parti démocratique unifié (UDP), principale formation de l'opposition au régime Jammeh, s'est dit confiant dans les chances de l'UDP, en lice dans 44 circonscriptions.

"Je ne veux pas prédire quoi que ce soit, mais nous avons présenté des candidats dans des circonscriptions où nous pensons pouvoir gagner", a-t-il indiqué après avoir voté.

"Les Gambiens viennent pour parachever la mise en place d'un nouveau gouvernement", a estimé le dirigeant de l'UDP, le parti auquel appartenait Adama Barrow avant d'en démissionner pour représenter l'ensemble de la coalition contre Yahya Jammeh.

Mais la Commission électorale ne cachait pas sa préoccupation jeudi en fin de matinée. "Nous espérons que la participation va augmenter" avant la fermeture des bureaux de vote à 17H00 (locales et GMT), a reconnu son vice-président Manneh Sallah.

Un constat partagé par la mission d'observation électorale déployée par l'Union européenne. "Nous avons ouvert certains bureaux à 08H00 du matin, où il y avait une participation importante, et maintenant la participation est un peu plus faible", a précisé une membre de la mission, la députée belge au Parlement européen Maria Arena.

A Bakau, une ancienne électrice du parti de Jammeh a confié avoir "voté pour le GDC" (Congrès démocratique de Gambie), la formation de Mama Kandeh, arrivé en troisième position à l'élection présidentielle, loin derrière MM. Barrow et Jammeh.

"Je ne voterai plus jamais pour l'APRC et l'autre candidat est de l'UDP", a expliqué Anna Stelle, 69 ans, qualifiant ce dernier de "tribaliste".

La coalition qui a soutenu Adama Barrow n'aura pas survécu au départ de Yahya Jammeh et les partis qui la composaient se présentent séparément à ce scrutin, faisant craindre à certains de ses membres que cette division ne profite à l'APRC.

Le parti de l'ex-président espère l'emporter dans les 29 circonscriptions où il est présent, selon son chef de campagne, Yankuba Colley.

Aux précédentes élections législatives en 2012, boycottées par six des principaux partis d'opposition, l'APRC avait remporté une victoire écrasante.

L'Union africaine (UA) et la Cédéao - dont les troupes sont toujours présentes en Gambie à la demande de M. Barrow - ont également envoyé des observateurs.

Par Le360 Afrique (avec AFP)
Le 06/04/2017 à 15h13