Afrique du Sud: Zuma échappe de justesse à une procédure de destitution

Jacob Zuma, président de l'Afrique du Sud.

Jacob Zuma, président de l'Afrique du Sud.. DR

Le 08/08/2017 à 17h12, mis à jour le 08/08/2017 à 17h56

Jacob Zuma l'a échappé belle concernant la procédure de destitution initiée par le principal parti d'opposition, l'Alliance démocratique (DA). La DA avait obtenu de la cour constitutionnelle sud-africaine que les députés puissent se prononcer à travers un vote à bulletins secrets.

Mille et un scandales n'auront finalement pas eu raison de ce vieux routier de la politique sud-africaine. En effet, après un vote à bulletins secrets concernant la motion de défiance à son encontre, Jacob Zuma, reste au pouvoir. Au total, sur les 400 députés que compte le Parlement sud-africain, l'African national congress compte 249 députés, contre 151 pour l'opposition. Cependant, les résultats montre qu'au moins 51 députés du parti au pouvoir sont allés dans le sens de l'opposition ou se sont abstenus. 

Par 198 voix contre la motion de censure et 177 voix pour sa destiution, le parlement sud-africain a finalement décidé de la rejeter. Dans un scrutin où 394 députés se sont prononcés, cet écart de 18 voix seulement est relativement modeste. Jacob Zuma devrait donc poursuivre son mandat qui prend fin en 2019. Ce résultat est est véritable ouf de soulagement pour le chef de l'Etat sud-africain tout en laissant de profondes divisions au sein de l'African National Congres. Car, ce vote montre que beaucoup de députés de l'ANC se sont abstenus ou ont clairement demandé la destitution de Zuma. 

Le débat a été houleux et a surtout été l'occasion, pour l'opposition, de revenir sur les "affaires" du clan Zuma et, pour les députés, les ministres de l'ANC et leurs alliés de rappeler leur attachement au parti. 

"Les Sud-africains ont perdu tout espoir et veulent reprendre leur pays", a d'emblée affirmé Mmusi Maimane, le président du principal parti d'opposition, l'Alliance démocratique. Par conséquent, "je vous demande de prendre votre courage à deux mains, surmonter vos peurs, quand le peuple sud-africain a le plus besoin de vous", a-t-il poursuivi. Restant sur ce ton de meeting politique plus que d 'adresse à la chambre des députés, il a ajouté: "Je vous demande aujourd'hui de voter pour l'espoir que nous pouvons vaincre la corruption qui oppresse notre nation, l'espoir qu'une nation plus prospère sera en paix avec elle-même et avec le reste du monde, l'espoir que nous ferons de l'Afrique du Sud un meilleur endroit pour nos enfants et les futures générations". Il a ensuite appelé ses collègues députés à faire le choix de la fin de la corruption. 

Abondant dans le même sens, le jeune Julius Malema, le trublion du parlement sud-africain et leader des Economic Freedom Fighters (EFF), a choisi le ton provocateur qui lui est propre. "Nous ne sommes pas là pour destituer un président démocratiquement élu. Car, que cela nous plaise ou non, nous devons tout le temps respecter le choix du peuple souverain. Nous sommes là pour nous débarrasser du père de Duduzane (Duduzane est le fils de Jacob Zuma cité dans les scandales des Guptaleaks). Le père de Duduzane est la personne la plus corrompue d'Afrique du Sud". 

Comme à l'accoutumée, le débat a été émaillé de plusieurs incidents. Une jeune députée EFF refusant d'apostropher Jacob Zuma par son titre de président ou en faisant précéder son nom de "Monsieur" a été rappelée à l'ordre. Mmusi Maimane qui a également préféré choisir un seul bulletin, alors que le vote est supposé être secret a failli se faire annuler son vote. L'ex-ministre des Finances, Pravin Gordhan, a également exigé que la présidente de séance participe au vote. Mais après consultation de la constitution, il s'est avéré qu'elle ne peut participer au scrutin qu'en cas d'égalité. 

Tout au long de la séance, les députés de l'opposition en ont profité pour lancer des piques et pour interrompre les députés de l'ANC hors de leur temps de parole. Mais au terme de quatre heures de débat et un vote grâce à quatre isoloirs et une urne placés a centre le chambre, Zuma a pu enfin pousser un ouf de soulagement. Pour combien de temps encore? Jusqu'au prochain scandale ou bien jusqu'à la prochaine attaque de l'opposition. 

Par Mar Bassine Ndiaye
Le 08/08/2017 à 17h12, mis à jour le 08/08/2017 à 17h56