Egypte: pourquoi le gouvernement a arrêté des dizaines d'étudiants Ouïghours chinois

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Le 18/08/2017 à 17h34, mis à jour le 18/08/2017 à 18h29

Près de 150 étudiants chinois ouïghours de confession musulmane sont détenus en Egypte depuis plus d'un mois, sans qu'aucune charge ne leur ait été notifiée. La communauté des ouïghours qui vivaient au Caire a pratiquement toute fui pour s'installer ailleurs.

Debut juillet 2017, en Egypte, des dizaines d'étudiants Ouïghours ont été arrêtés par la police sans qu'aucune charge ne soit officiellement retenue contre eux. Selon Amnesty International, il s'agit d'une violation des droits de l'homme qui dure malheureusement depuis près d'un mois et demi. 

Au total, près de 150 de ces citoyens chinois musulmans turcophones seraient concernés par cette rafle, d'après le Uighur human rights projet (UHRP), cité par Amnesty International dans le communiqué diffusé juste après cette vague d'arrestation. Ces personnes sont toutes des étudiants de l'université al Azhar du Caire et aspirent à être des théologiens de l'islam voire des prêcheurs. 

Pour Pékin, la communauté des Ouïghours, musulmans et quelquefois indépendantistes, représentent un problème pour sa sécurité intérieure. Amnesty avait alors pris contact avec des étudiants en Egypte qui lui ont affirmé que la persécution des étudiants ouïghours avait débuté trois mois auparavant quand des membres de leurs familles restés en Chine avaient été détenus pour exiger que les étudiants reviennent au pays "avant le 20 mai". "Certains étudiants qui étaient rentrés avaient été torturés alors que d’autres avaient été condamnés à 15 ans d’emprisonnement pour avoir «répandu l’extrémisme»", précise la même source citée par Amnesty. 

Peu de temps avant ces arrestations, la Chine et l'Egypte ont signé un accord de coopération en matière de sécurité. Ce qui fait qu'il est difficile de ne pas faire le lien avec les arrestations. 

Au début, il était question d'expulser ces étudiants, sauf que depuis, ils attendent d'être fixés sur leur sort. Actuellement, la communauté Ouïghoure vivant en Egypte préfère se faire discrète, espérant que la vague passera. Dans le reportage consacré au sujet, RFI cite l'un d'eux qui vit pratiquement dans sa voiture en bordure d'autoroute, avec sa femme et ses deux enfants de 3 et 13 ans. Cet Ouïghour qui se fait appeler Omar raconte des conditions de détention mêlant humiliation, torture et mauvais traitements. 

Les témoignages font état d'une situation peu enviable. 2800 Ouïghours qui vivaient en Egypte avant les arrestations ont fui le pays, affirme Abdelavi Ayup, un membre de cette communauté, établi en Turquie. Selon lui, 500 ont rejoint la Turquie. L'Egypte n'est donc plus un pays d'accueil sûr. 

Par Mar Bassine Ndiaye
Le 18/08/2017 à 17h34, mis à jour le 18/08/2017 à 18h29