Libye: tournée africaine de Haftar qui ne veut pas d'une Pax Occidentalis

A Brazzaville, le 17 septembre 2017, Khalifa Haftar rendant visite à Denis Sassou Ngesso

A Brazzaville, le 17 septembre 2017, Khalifa Haftar rendant visite à Denis Sassou Ngesso. DR

Le 19/09/2017 à 17h02, mis à jour le 20/09/2017 à 07h52

Khalifa Haftar était à Brazzaville, il y a trois jours, pour affirmer qu'il soutenait plus que jamais l'initiative de l'Union africaine, tout en n'oubliant pas de fustiger "les puissances" occidentales présentes en Libye non pas dans l'intérêt du peuple, mais pour profiter des ressources du pays.

En juillet dernier, au Château de la Celle-Saint-Cloud, on a eu droit à une belle photo, celle d'une poignée de mains plutôt chaleureuse entre les deux frères ennemis libyens, le maréchal Khalifa Haftar, chef de l'Armée nationale libyenne, et Fayez Al-Sarraj, le Premier ministre du gouvernement d'entente nationale (GNA).

Peut-être bien que l'image était un peu trop belle d'un Emmanuel Macron se tenant entre les deux principaux protagonistes de la crise libyenne et les invitant à la fameuse déclaration de cessez-le-feu. 

En tout cas, moins de deux mois plus tard, Khalifa Haftar semble changer le fusil d'épaule. Ses récentes déclarations et les actes qu'il pose montrent qu'il s'éloigne de cette initiative du président français. Ce dernier les avait emmenés, Al-Sarraj et lui, à adopter, sans la signer, la déclaration du Château de la Celle-Saint-Cloud. 

Il y a trois jours, Haftar était à Brazzaville pour rencontrer Denis Sassou Nguesso, le président congolais qui est également à la tête du Comité de haut niveau de l'Union africaine sur la Libye. En sortant de son entretien, il a fustigé l'attitude des pays occidentaux et ses compatriotes qui collaborent avec eux contre les intérêts des Libyens. 

"Plusieurs puissances sont présentes sur notre territoire et certains Libyens travaillent avec eux parce qu'ils espèrent en tirer des bénéfices. Mais nous ne sommes pas comme eux", a-t-il dit sur un ton sans équivoque. Avant d'ajouter: "le plus important c'est l'intérêt du peuple libyen". Voulait-il laisser entendre qu'il se démarquait désormais de Fayez Al-Sarraj? C'est fort probable, puisqu'après l'accord de Paris, il y a eu quelques désaccords qui ont fait jour.

En effet, le 2 août, à peine une semaine après la déclaration de Paris, le Parlement italien répondait déjà à la sollicitation du Gouvernement de Fayez Al-Sarraj et autorisait la Marina Militara à appareiller dans les eaux nationales libyennes. Cette décision n'a pas été du goût du maréchal Haftar et il n'a pas tardé à le faire savoir, même si le prétexte de cette incursion sur le territoire maritime de la Libye était la lutte contre l'immigration clandestine. Haftar a même donné l'ordre de couler tout navire étranger qui s'aventurerait dans les eaux contrôlées par ses hommes. Bien qu'il ne dispose pas de suffisamment de ressources, la menace a été prise très aux sérieux. 

Par Mar Bassine Ndiaye
Le 19/09/2017 à 17h02, mis à jour le 20/09/2017 à 07h52