Kenya: Uhuru Kenyatta remporte la présidentielle avec 98,26% des voix

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Le 30/10/2017 à 14h59, mis à jour le 30/10/2017 à 15h13

Uhuru Kenyatta a été réélu sans surprise président du Kenya lors d'un scrutin boycotté par l'opposition et son principal leader Raila Odinga. Il est crédité de 98,26% des voix.

Le président sortant du Kenya, Uhuru Kenyatta, a remporté avec 98,26% des voix l'élection présidentielle du 26 octobre, boycottée par son principal opposant, Raila Odinga, a annoncé lundi 30 octobre le président de la Commission électorale (IEBC).

Kenyatta a réuni 7,483 millions de voix, contre 73.228 pour Odinga. La participation est de 38,8% des électeurs inscrits, en forte baisse par rapport au scrutin du 8 août (79%), annulé par la Cour suprême pour "irrégularités".

En raison notamment du boycott par l'opposition et son leader Raila Odinga, le président sortant Uhuru Kenyatta, 56 ans, était assuré de remporter une très large victoire, qui pourrait toutefois faire l'objet de recours en justice et déboucher sur de nouvelles violences dans les bastions de l'opposition.

L'IEBC a précisé avoir compilé et vérifié les résultats provenant des 266 circonscriptions où le vote a pu avoir lieu jeudi. Elle considère que le résultat global sur l'ensemble du pays ne peut plus être remis en cause, même si le scrutin pouvait finalement être organisé dans l'Ouest.

L'écrasante majorité des bureaux de vote de quatre comtés de l'Ouest (Homa Bay, Kisumu, Migori et Siaya) - sur les 47 que compte le pays - n'avaient pas ouvert leurs portes jeudi, en raison d'une situation chaotique et de graves troubles sécuritaires dans ces bastions de l'opposition.

Ainsi, le vote n'avait pu avoir lieu dans 25 circonscriptions (sur 291 au total - 290 à laquelle s'ajoute la circonscription de la diaspora), représentant quelque 9% du corps électoral.

La Commission avait tenté d'organiser à nouveau le scrutin samedi dans ces circonscriptions, avant d'y renoncer in extremis, estimant que la sécurité de son personnel n'y était pas garantie.

Cette crise politique, la pire depuis dix ans dans ce pays d'Afrique de l'Est, a déjà durement affecté l'économie la plus dynamique de la région et épuisé les Kényans, qui aspirent pour beaucoup d'entre eux à reprendre une vie normale.

'Pas d'élection dans 90 jours'

L'élection de jeudi avait été organisée après l'invalidation, historique sur le continent, de la réélection le 8 août de Kenyatta avec plus de 54% des voix, la Cour suprême ayant relevé des irrégularités dans le processus de transmission des résultats.

Odinga, 72 ans et trois fois candidat malheureux à la présidence (1997, 2007, 2013), avait fait pression pour obtenir une réforme de la Commission électorale avant la tenue de ce nouveau scrutin. Mais l'opposition a jugé insuffisants les changements récemment mis en œuvre et appelé au boycott de la nouvelle élection.

Plongé dans l'incertitude, le Kenya a aussi connu ces derniers jours des violences meurtrières: au moins neuf personnes ont été tuées par balle depuis jeudi dans les places fortes de l'opposition, les bidonvilles de la capitale Nairobi et l'ouest du pays.

Et au moins 49 sont mortes (et des dizaines blessées) depuis l'élection du 8 août, pour la plupart dans la répression brutale des manifestations par la police (recours aux tirs à balle réelle, gaz lacrymogène, canons à eau).

Odinga, a annoncé la semaine dernière le lancement d'une campagne de "désobéissance civile", dont il doit encore préciser les modalités, afin de contraindre le pouvoir en place à accepter l'organisation d'une nouvelle élection dans les 90 jours.

Mais le vice-président, William Ruto, a une nouvelle fois rejeté toute idée d'organiser un nouveau scrutin. "Il n'y aura pas d'élection dans 90 jours, il n'y aura pas de discussion sur des questions relatives aux élections", a-t-il martelé dimanche.

La crise actuelle et ses violences ont ravivé dans le pays les douloureux souvenirs de 2007/2008, lorsque la présidentielle avait débouché sur les pires violences politico-ethniques de l'histoire du Kenya indépendant (1963), faisant plus de 1.100 victimes et 600.000 déplacés.

Par Le360 Afrique (avec AFP)
Le 30/10/2017 à 14h59, mis à jour le 30/10/2017 à 15h13