Les Zimbabwéens se ruent vers le bitcoin

De toutes les manières, mieux vaut détenir une crypto-monnaie que des zollars qui valent 40% de moins que leur valeur faciale.

De toutes les manières, mieux vaut détenir une crypto-monnaie que des zollars qui valent 40% de moins que leur valeur faciale. . DR

Le 30/11/2017 à 09h49, mis à jour le 30/11/2017 à 12h11

Avec la chute du cours du dollar zimbabwéen et l'impossibilité d'en disposer librement, les Zimbabwéens se ruent sur le bitcoin dont le cours flambe au niveau local.

Après avoir abandonné sa monnaie nationale il y a plusieurs années, le Zimbabwe prend goût au bitcoin. Sur la plateforme de trading Golix.com, ce dernier ne cesse de prendre de la valeur. "Le cours du bitcoin s'est s'apprécié légèrement avant d'exploser. Je m'attends à ce qu'il atteigne des niveaux beaucoup plus élevés", expliquait Yeukai Kusangaya, gestionnaire de cette plateforme, quand le bitcoin a atteint 10.000 dollars il y a un mois. C'était une prophétie auto-réalisatrice, visiblement. Puisque cette crypto-monnaie continue de grimper sur le marché local zimbabwéen. 

Quatre semaines plus tard, lundi 27 novembre, un bitcoin s’échangeait 17.875$, dépassant largement la moyenne mondiale, située à 10.000 dollars mercredi 29 novembre, à l’ouverture des marchés asiatiques. 

Il faut dire que le changement de régime a créé un engouement au niveau local. Mais cette hausse spectaculaire traduit aussi la réalité monétaire zimbabwéenne qui consiste dans un déficit criant de liquidités. Actuellement, on ne peut tirer plus de 200 dollars par jour de son compte bancaire. Rappelons qu'au Zimbabwé, les deux principales monnaies ayant cours sont le dollar américain et le rand sud-africain.

Mais comment expliquer que le bitcoin soit devenu l’actif financier le plus prisé? Quand un Zimbabwéen détient de l’argent dans une banque, le fait qu’il ne puisse pas en disposer à sa guise fait que les billets en circulation sont mieux valorisés. D’ailleurs, les Zimbabwéens font une différence entre deux types de liquidité, bien qu'il s'agissent du même dollar. Quand il est en espèce, il considère que c'est cela le vrai argent. Mais, il est inscrit dans un compte bancaire zimbabwéen, il l'appelle le "zollar", contraction de "zimbabwean dollar". Ainsi, pour un dollar en espèce, un père de famille est prêt à perdre 40% de la valeur de ses zollars détenus en banque.

Etant donné que la valeur des zollars a tendance à baisser, alors que cette du bitcoin augmente, il est plus intéressant de convertir les premiers en cryto-monnaie. 

Cet engouement pour le bitcoin crée une bulle au niveau du marché local qui pourrait faire des dégâts énormes si elle se dégonfle. Rien que durant le week-end, il a connu une progression de 19,9% entre la clôture du vendredi et l’ouverture du lundi suivant. Ce qui est clair, c’est que les Zimbabwéens n'ont plus confiance qu’en cette crypto-monnaie. Le niveau actuel des cours du bitcoin dans le pays offre des possibilités d’arbitrage qu’aucun autre marché ou actif ne permet.

Par Mar Bassine Ndiaye
Le 30/11/2017 à 09h49, mis à jour le 30/11/2017 à 12h11