RÉTRO 2017: CEMAC, enfin la libre circulation des personnes

Le pont Ngueli, frontière entre le Cameroun et le Tchad.

Le pont Ngueli, frontière entre le Cameroun et le Tchad.

Le 27/12/2017 à 12h00, mis à jour le 27/12/2017 à 12h39

En octobre dernier, après moult tergiversations, les six Etats membres de la CEMAC ont finalement consenti à mettre en application l’Acte additionnel du 25 juin 2013 portant suppression des visas pour tous les ressortissants circulant dans l’espace communautaire.

Une session extraordinaire de la Conférence des chefs d’Etat de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (CEMAC), s’est tenue le 31 octobre dernier à N’Djamena, la capitale tchadienne. Et c’est dans la ville qui a vu naître la CEMAC en 1994 que l’on a pris acte de l’ouverture intégrale des frontières sous-régionales à la libre circulation des ressortissants de l’espace communautaire.

En effet, après plusieurs années de tergiversations, les six pays de la communauté ont enfin décidé de mettre en application l’Acte additionnel du 25 juin 2013 portant suppression des visas pour tous les ressortissants de la CEMAC.

Un ouf de soulagement pour les 44 millions d’habitants de la sous-région qui ont longtemps souffert des effets pervers des frontières, parfois artificielles, issues de la balkanisation de l’Afrique. Alors même que ces peuples, coincés de part et d’autre des bordures, sont nombreuses à partager la même histoire et les mêmes us et coutumes.

La matérialisation de cette décision ne s’est pas fait attendre. La preuve, «tous les fils et filles de la CEMAC présents à N’Djamena (le 31 octobre dernier) sont entrés sans visa», s’est vanté le président en exercice, Idriss Deby Itno. Depuis lors, le visa n’est effectivement plus nécessaire pour les ressortissants de la CEMAC, qui vont et viennent librement entre le Cameroun, le Gabon, la Centrafrique, le Tchad, le Congo et la Guinée équatoriale. Toutefois, la Guinée équatoriale, réticente à cette idée, avait fermé ses frontières côté Cameroun, sans aucune explication…Une tâche d’huile qui n’a pas freiné l'élan.

Pour accompagner la mise en œuvre de cette mesure irréversible, la Conférence des chefs d’Etat de N’Djamena a décidé d’autoriser la BDEAC à prélever 1,7 milliard de francs CFA sur les ressources du Fonds de développement de la communauté, pour payer le reliquat dû à Interpol au titre de la sécurisation des frontières.

Dans le même temps, la Commission de la CEMAC devra veiller à la création des postes sécurisés aux frontières, afin de réserver le bénéfice exclusif de la libre circulation aux ressortissants de la communauté. En outre, la Conférence a exhorté les Etats membres qui n’ont pas encore produit leur passeport CEMAC à le faire dans les meilleurs délais.

Divers autres projets d’interconnexion ont été décidés ou adoptés, notamment en matière de facilitation des transports et de développement énergétique. Ultime décision historique, celle visant à rapprocher les bourses de valeurs régionale et nationale. Les chefs d’Etat de la CEMAC ont en effet décidé de fixer le siège du régulateur du marché financier régional à Libreville au Gabon et celui de la bourse des valeurs régionale à Douala au Cameroun.

Par Elisabeth Kouagne (Abidjan, correspondance)
Le 27/12/2017 à 12h00, mis à jour le 27/12/2017 à 12h39