La Guinée-Bissau, petit Etat d'Afrique de l'Ouest, traverse des turbulences politiques depuis la destitution en août 2015 du Premier ministre, Domingos Simoes Pereira, chef du Parti africain pour l'indépendance de la Guinée et du Cap-Vert (PAIGC), par le président Vaz.
Mardi soir, le président a nommé un nouveau Premier ministre, Augusto Antonio Artur Da Silva, selon un décret présidentiel, afin de former un gouvernement chargé d'organiser des législatives dans les prochains mois. Cette annonce a eu lieu à son retour du sommet de l'Union africaine, en marge duquel s'est tenu le 27 janvier un sommet extraordinaire de la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao). La désignation de Da Silva, lui aussi dirigeant du PAIGC, qui a déjà détenu les portefeuilles des Affaires étrangères, de la Pêche et de l'Education, intervient deux semaines après la démission effective du gouvernement d'Umaro Sissoco Embalo, Premier ministre depuis novembre 2016
Cette décision a été prise "dans le cadre des efforts en cours pour trouver une solution définitive à la crise politico-institutionnelle que traverse le pays ces dernières années", selon le décret.
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Lors du sommet de l'UA, la Cédéao a exhorté le président Vaz à nommer "un Premier ministre consensuel et les parties signataires à mettre en place un gouvernement, conformément à l'accord de Conakry, au plus tard le 31 janvier", sous peine de sanctions contre quiconque ferait obstacle à une "sortie de crise en Guinée-Bissau", selon le communiqué final.
Vaz et Pereira s'accusent mutuellement de faire obstacle à l'application de l'accord conclu à Conakry en octobre 2016, sous l'égide du président guinéen Alpha Condé dans le cadre d'une médiation de la Cédéao.
Cet accord prévoit une "procédure consensuelle" pour choisir un Premier ministre "ayant la confiance du président" et devant rester en place jusqu'aux élections législatives prévues en 2018.
En vertu de la Constitution, le choix du Premier ministre revient au parti majoritaire.
Or, le PAIGC ayant perdu la majorité absolue de 57 sièges sur 102 à la suite de la fronde de 15 députés, Vaz veut s'appuyer sur une majorité alternative, constituée des 41 députés du Parti de la rénovation sociale (PRS), deuxième formation parlementaire, et de 15 frondeurs.