RDC. Internet: une arme de subversion massive pour le pouvoir de Kinshasa

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Le 27/02/2018 à 12h44, mis à jour le 27/02/2018 à 12h46

Au Congo Kinshasa, jamais une manifestation n'est programmée sans qu'internet ne soit coupé par les autorités, qui jugent que les échanges sur les réseaux sociaux menacent le régime de Joseph Désiré Kabila.

Dimanche 25 février, dans plusieurs villes du Congo, les catholiques avaient décidé de mener une marche. Interdite à Kinshasa, elle a tout de même eu lieu, de même que dans d'autres villes comme Kisangani au nord-est. Comme d'habitude, on retiendra le bilan de la répression: cinq personnes tuées après que la manifestation a été dispersée par balles réelles. On dénombre au moins deux morts à Kinshasa, un à Mbandaka et deux autres à Kisangani. C'est devenu une routine, après chaque marche, on compte les victimes. 

L'autre routine durant les manifestations, c'est que les autorités de Kinshasa demandent aux opérateurs téléphoniques de couper internet et de limiter l'envoi de SMS. Une mesure qui entrave le fonctionnement de beaucoup d'entreprises et le travail des journalistes et signifie donc des pertes conséquentes pour le PIB.

Plusieurs ONG ont décidé de réagir. "Nous demandons à la justice congolaise d'agir conformément à la Constitution et aux lois de la République, c'est-à-dire de constater et de dire que ce comportement porte préjudice aux utilisateurs", a déclaré Georges Kapiamba, président de l'Association congolaise pour l'accès à la justice dans des propos que relaie TV5. 

Au total, huit ONG congolaises de défense des droits de l'homme vont ester en justice devant le tribunal de commerce de Lumumbashi contre les quatre opérateurs télécoms qui couvrent le pays. Elles sont prêtes à en découdre jusque devant les instances internationales comme l'OCDE, au cas où elles seraient déboutées par la justice congolaise.

Ces coupures sont devenues un moyen de contrer les opposants politiques dans beaucoup de pays du continent. Au Cameroun, pendant plusieurs mois, les régions anglophones du nord-ouest et du sud-ouest ont été privées d'internet pour empécher les activistes de convoquer des manifestations. En Ethiopie, chaque fois qu'il y a des troubles, la population et les entreprises sont privées de réseau. Même au Sénégal dont on chante la démocratie, tout le monde a été privé de réseau lors de la libération de Karim Wade en 2016. 

Par Mar Bassine Ndiaye
Le 27/02/2018 à 12h44, mis à jour le 27/02/2018 à 12h46