RDC. Mort de 15 casques bleus: l'ONU reconnaît ses "failles"

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Le 03/03/2018 à 14h18, mis à jour le 03/03/2018 à 14h21

Des attaques en 2017 contre des Casques bleus en République démocratique du Congo, ayant fait notamment, le 7 décembre, 15 morts tanzaniens, ont mis en lumière plusieurs "failles" dans l'entraînement et le dispositif onusien, a reconnu vendredi l'ONU.

Citant les conclusions d'une enquête dirigée par un fonctionnaire russe, Dimitri Titov, l'ONU confirme dans un communiqué que l'attaque a été commise par des combattants du groupe des Forces démocratiques alliées (ADF), un groupe armé ougandais musulman, actif dans le Nord-Kivu frontalier de l'Ouganda.

L'attaque contre la Mission des Nations unies au Congo (Monusco) le 7 décembre a été la pire menée contre des Casques bleus dans le monde en 24 ans.

"Ca a merdé sur toute la ligne" et il y a eu "différentes responsabilités à différents niveaux", selon des sources diplomatiques ayant eu accès au rapport des enquêteurs, qui ne sera pas publié. "Il y a eu un gros problème de transmission des informations et pas de soutien aérien", précise un diplomate sous couvert d'anonymat.

Selon le communiqué de l'ONU, les enquêteurs ont mis à jour "plusieurs failles dans l'entraînement et le dispositif de la Monusco ainsi que dans sa force d'intervention rapide (FIB)".

- 'Correctifs urgents' -

Ils ont notamment conclu que la Monusco "n'avait pas de plan d'action pour renforcer ou évacuer ses Casques bleus pendant l'attaque". "Des problèmes de commandement et de contrôle, de direction et un manque de moyens, notamment aéronautiques et en matière de renseignement, ont aussi été des obstacles majeurs" pour limiter les pertes. Ils "nécessitent des correctifs urgents", indique encore le communiqué de l'ONU sans autres précisions.

Le texte des Nations unies précise que plusieurs mesures ont été prises depuis, de l'éclairage des installations à l'agrandissement des périmètres de sécurité dans plusieurs bases de Casques bleus à travers le pays. Les enquêteurs ont travaillé au total sur trois attaques, celle du 7 décembre, une le 16 septembre et une le 7 octobre, toutes dans la même région de Mamundioma (est).

Le bilan de l'attaque du 7 décembre qui a visé pendant une douzaine d'heures la base des Casques bleus tanzaniens située à Semuliki s'est soldé par 15 Tanzaniens tués, 43 blessés, et un toujours porté disparu.

"Les trois attaques contre les Casques bleus ont été menées selon le même mode opératoire et toutes les preuves convergent pour désigner les ADF comme responsables", indique le communiqué de l'ONU.

- 'Vitesse' -

Mercredi, la Monusco avait déclaré continuer à rechercher le Casque bleu tanzanien disparu. Elle a lancé un appel à témoins pour toute information menant au retour du soldat ou "à une preuve de vie".

Le 26 janvier, lors d'une conférence de presse, le président congolais Joseph Kabila avait eu des mots très durs envers la Monusco, affirmant que la Mission onusienne au Congo, la plus importante au monde, n'avait jamais "éradiqué" aucun groupe armé depuis son arrivée en RDC en 1999.

Depuis fin 2017, l'ONU a entrepris de modifier l'action de ses Casques bleus, afin de les rendre plus performants. La nouvelle stratégie qui va se mettre progressivement en place dans les mois à venir a été baptisée "Stratégie de protection par projection". Autrement dit, avoir des Casques bleus plus mobiles pour répondre à la menace plus rapidement.

Pour cela, l'ONU doit développer les moyens de renseignement de ses militaires sur le terrain et encore mieux les équiper, notamment avec des moyens aériens, notent des diplomates sous couvert d'anonymat. "Il y a un vrai enjeu de vitesse d'exécution, qui suppose aussi une bonne chaîne de commandement", estime un de ces diplomates.

"On n'a pas besoin de 15 autorisations de New York" pour envoyer des renforts ou un soutien aérien "lorsque des Casques bleus se font massacrer", ajoute cette source.

Par Le360 Afrique (avec AFP)
Le 03/03/2018 à 14h18, mis à jour le 03/03/2018 à 14h21