Burkina Faso: l'état d'urgence est décrété dans plusieurs régions

Malam Ibrahim Dicko rejoint l’Etat islamique

Malam Ibrahim Dicko rejoint l’Etat islamique. DR

Le 31/12/2018 à 21h14, mis à jour le 01/01/2019 à 08h02

"L'état d'urgence" a été décrété lundi dans plusieurs provinces du Burkina Faso, en proie des attaques jihadistes récurrentes, a annoncé le ministre burkinabè de la Communication Remis Fulgance Dandjinou.

"Le président du Faso a décidé de déclarer l’état d’urgence dans certaines provinces du Burkina Faso. Il a également donné des instructions pour des dispositions sécuritaires particulières sur toute l’étendue du territoire", a déclaré M. Dandjinou, à la sortie d’un conseil des ministres extraordinaire sur la "situation sécuritaire" alors que dix gendarmes ont été tués jeudi dans une attaque.

L'état d'urgence accorde notamment des pouvoirs supplémentaires aux forces de sécurité, dont celui de procéder à des perquisitions à domicile, de jour et de nuit. Certaines libertés fondamentales peuvent être restreintes, comme la liberté de circulation.

La mesure concerne "plusieurs provinces" à l'intérieur de sept régions (sur les 13 que compte le pays), a indiqué Remis Fulgance Dandjinou, citant les régions des Hauts Bassins, de la Boucle du Mouhoun, des Cascades, du Centre-est, de l'Est, du Nord et du Sahel. La liste des provinces concernées sera précisé dans un décret présidentiel. "Ces dispositions (...) ont pour objectif d'assurer avec sérénité et efficacité la lutte contre le terrorisme au Burkina Faso et de ramener la quiétude au sein des populations", a-t-il justifié.

Cette annonce fait suite à une rencontre avec la hiérarchie militaire, convoquée après la mort de dix gendarmes, tués jeudi dans une embuscade à Toeni, une localité située au nord-ouest de Ouagadougou. D'abord concentrées dans le nord du pays, ces attaques se sont ensuite étendues à d'autres régions dont celle de l'Est, frontalière du Togo et du Bénin, qui est désormais une deuxième grande zone d'insécurité.

Du côté de l'opposition proche de l'ancien président Blaise Compaoré, Aziz Dabo, porte-parole de la Nouvelle Alliance pour le Faso (Nafa), estime que "cette mesure avait déjà été préconisée par notre leader Djibrill Bassolé", l'ancien chef de la diplomatie de Compaoré, jugé dans le procès du putsch manqué de 2015. "C'est un signe qui montre que nous devons en toute maturité et humilité dépolitiser la question du terrorisme et prendre en compte les avis et conseils des experts du domaine", a-t-il estimé.

"C'est une mesure tardive"

Dans la société civile, certains sont plus critiques. "C'est une mesure tardive, du style médecin après la mort. Elle aurait du être prise depuis longtemps mais, hélas, les gens (autorités) naviguent à vue", a dénoncé Félix Kaboré, acteur de la société civile. "Nous avons enregistré beaucoup de morts avant cette mesure. Le peuple est découragé, les soldats démotivés. C'est bien mais je pense que ça arrive un peu tard".

Les attaques attribuées aux groupes jihadistes ont fait plus de 270 morts depuis 2015. Ouagadougou, la capitale, a été frappée à trois reprises.

Par Le360 Afrique (avec AFP)
Le 31/12/2018 à 21h14, mis à jour le 01/01/2019 à 08h02