Afrique du Sud: épreuve de feu de Ramaphosa devant le Parlement

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Le 07/02/2019 à 07h56, mis à jour le 07/02/2019 à 08h05

Le président sud-africain Cyril Ramaphosa prononce aujourd'hui jeudi devant le Parlement son discours annuel à la nation, au moment où son parti est éclaboussé par les affaires de corruption à trois mois des élections législatives.

Cyril Ramaphosa, patron du Congrès national africain (ANC), dirige l'Afrique du Sud depuis la démission forcée en février 2018 de Jacob Zuma, emporté par de nombreux scandales.

Le nouveau chef de l'Etat s'est donné comme mission de redresser l'image de l'ANC avant le scrutin, dans un contexte économique morose pour la première puissance industrielle du continent africain.

Il y a un an, pour son premier discours sur l'état de la nation, M. Ramaphosa avait promis un "nouveau départ", des emplois et l'élimination de la corruption devant un hémicycle souvent conquis. Un contraste singulier avec les esclandres à répétition de l'opposition à l'occasion des dernières prestations de Jacob Zuma.

Mais l'accueil devrait être moins chaleureux jeudi après un an d'exercice du pouvoir. La croissance pour 2019 ne devrait pas dépasser les 1%, le chômage flirte avec les 28%, et même 38% chez les jeunes de moins de 34 ans.

Depuis un an, l'ancien homme d'affaires à succès tente d'attirer les investisseurs pour relancer la machine économique.

"Notre message aux investisseurs est que nous prenons des mesures concrètes pour que notre économie soit fondée sur une croissance inclusive", a-t-il rappelé cette semaine au Cap, devant des entreprises minières sceptiques.

Sur le front de la lutte anti-corruption, le bilan du président Ramaphosa reste également mitigé.

Il s'est bien séparé de quelques ministres encombrants, mais les noms de plusieurs personnalités de son équipe - notamment la ministre de l'Environnement Nomvula Mokonyane et celui des Mines Gwede Mantashe - reviennent régulièrement dans les affaires de corruption.

- "Corruption dans les gènes" -

La marge de manœuvre du président reste limitée. Elu par les députés, il est pieds et poings liés à son parti, toujours divisé entre pro et anti-Zuma.

Après le scandale Gupta, du nom d'hommes d'affaires soupçonnés d'avoir bénéficié de juteux contrats publics par l'entremise de Jacob Zuma, des dirigeants repentis de l'entreprise privée de sécurité Bosasa ont révélé un autre pan de la corruption au sein du pouvoir.

Dans des témoignages accablants devant une commission d'enquête, ils ont détaillé les énormes pots-de-vin versés à des ministres, élus et hauts fonctionnaires liés à l'ANC.

Le président Ramaphosa a tenté de garder la tête haute. "Nous devons faire en sorte que tout ça ne se reproduise plus jamais", a-t-il déclaré samedi.

Mais l'opposition n'a pas manqué de saisir l'occasion pour s'en prendre au pouvoir, à trois mois des législatives. "La corruption est dans les gènes de l'ANC", a estimé le chef de l'Alliance démocratique (DA), Mmusi Maimane.

Lors d'un dîner à Davos en janvier, Cyril Ramaphosa avait lui-même évoqué les "neuf années perdues" de la présidence Zuma, ce qui lui a valu la réaction outrée de son prédécesseur.

"En cette année électorale, il n'est pas recommandé de propager le mensonge selon lequel la dernière décennie a été complètement perdue. L'ANC était aux commandes et nous ne devrions pas tenir un tel discours défaitiste", a estimé M. Zuma.

Les Sud-Africains sont appelés à élire en mai, à une date à déterminer, leurs députés. Dans la foulée, ils éliront le chef du parti vainqueur à la tête du pays.

Selon deux récents sondages, l'ANC, au pouvoir depuis la fin du régime de l'apartheid en 1994, devrait conserver la majorité absolue des sièges, et Cyril Ramaphosa son poste de chef de l'Etat.

Par Le360 Afrique (avec AFP)
Le 07/02/2019 à 07h56, mis à jour le 07/02/2019 à 08h05