Peu de différences idéologiques opposent les deux rivaux. Ils sont tous les deux originaires du nord du pays, peuls, musulmans, septuagénaires et vieux routiers de la politique nigériane.
Dans un pays qui peine à sortir d'une grave récession, du chômage et de l'insécurité, les principaux enjeux se cristallisent, lors de cette présidentielle, autour de l'économie. La lutte contre la corruption est également au cœur des débats, surtout que beaucoup reprochent à Buhari d'avoir mené une chasse aux sorcières destinée davantage à évincer ses opposants qu'à assainir l'administration publique.
Surfant sur sa carrière de businessman et insistant sur l'un les points faibles du bilan du Buhari, notamment en termes de relance de l'économie, l'ancien vice-président Atiku Abubakar, du Parti démocratique populaire (PDP-opposition), promet de créer 3 millions d’emplois par an et sortir 50 millions de personnes de l'extrême pauvreté d'ici deux ans.
Atiku qui en est déjà à sa quatrième candidature, est un homme d'affaires qui a amassé une fortune colossale dans l'import-export, le pétrole, l'agriculture ou encore les télécommunications.
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Issu d'un milieu modeste, il a passé une vingtaine d'années aux douanes nigérianes où il a, peu à peu, grimpé dans la hiérarchie pour en devenir le numéro 2, avant de se tourner vers le secteur privé.
Entre 1999 et 2007, il a occupé le poste de vice-président pendant le double mandat d’Olusegun Obasanjo et dirigé le Conseil national de la privatisation.
Après avoir tout tenté, pendant vingt-cinq ans, pour accéder à la magistrature suprême, l’ancien vice-président est enfin parvenu, début octobre dernier, à être intronisé candidat du principal parti d’opposition.
Face à lui, le président sortant Muhammadu Buhari, du Congrès des progressistes (APC), qui brigue un second mandat, fait de la lutte contre la corruption son cheval de bataille, même s'il n’a pas réussi à s’attaquer en profondeur à ce mal persistant, qui, selon l’ONG Transparency International, n’a pas diminué ces cinq dernières années.
En accédant au pouvoir à la faveur de la première alternance politique depuis le retour à la démocratie, Buhari a inspiré autant d’espoir pour lutter contre ce fléau et instaurer la sécurité.
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Sur ce point, le bilan du président sortant reste médiocre, selon les analystes, relevant que bien que Buhari ait affirmé à plusieurs reprises que Boko Haram avait été vaincu, des factions du groupe terroriste continuent de mener des attaques meurtrières, provoquant de nouvelles effusions de sang et obligeant des milliers de personnes à fuir leur domicile.
Buhari est également très critiqué, notamment pour ses politiques économiques, avec l'entrée en récession de l'économie nigériane depuis 2016, en raison de la baisse des prix de l'or noir, d'une hausse de taux de chômage et d’une inflation élevée.
A noter que soixante-treize candidats de 91 partis politiques sont en lice pour la présidentielle, dont la course reste serré entre le chef de l’Etat sortant, Muhammadu Buhari, qui espère obtenir un second mandat de quatre ans contre son principal rival, l’ex vice-président Atiku Abubakar.
La présidentielle se jouera surtout sur le plan local : il faut obtenir un minimum de 25 % des voix dans au moins 24 des 36 États.
Pour les Législatives qui auront lieu le même jour, 109 sièges sont à pourvoir au Sénat et 360 à la Chambre des représentants. Des élections au poste de gouverneur auront lieu également dans 29 des 36 Etats et dans la capitale fédérale, Abuja.