En Afrique, il est évident que la plupart des pouvoirs espionnent leurs opposants. Mais c'est là une gageure que d'en apporter la preuve. Une émission israélienne croit pourtant détenir les preuves incriminant l'ex-président congolais Joseph Kabila, en connivence avec d'anciens barbouzes du Mossad, les services secrets de l'Etat hébreu.
Kabila, qui a dirigé la République démocratique du Congo entre 2001 et 2019, aurait employé plusieurs ex-agents du Mossad, qui travaillent pour le compte de l'entreprise Back Code.
C'est du moins ce qu'affirme une journaliste de l'émission Uvda qui ajoute que l'opération d'espinnage, baptisée "Coltan" avait débuté en 2015. Elle consistait à connaître les moindres faits et gestes des ennemis et adversaires politiques de celui qui a toujours un pied au sommet de l'Etat congolais.
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"Kabila voulait tout savoir sur ce qui se passait lors des réunions de l’opposition. Qui participe et qui s’attaque au président. Il voulait savoir s’il y avait des proches qui le trahissaient. Qui étaient les traîtres. Et il y avait des traîtres", explique un ancien employé de Coltan à la journaliste.
Toujours selon elle, une dizaine d'employés de Back Code avaient installé leur quartier général dans un grand hôtel de Kinshasa, qui leur servait de siège pour leur service clandestin de renseignements.
Yossi Mekelberg, spécialiste d'Israël à la Regent's University de Londres, interrogé par France 24, ne semble pas surpris par les révélations de cette enquête.
Selon lui, actuellement en Israël, il existe de nombreux "mercenaires du XXe siècle", à cause du développement du secteur des technologies de l'information. La plupart des spécialistes des NTIC ont accompli leur formation militaire, précise-t-il.
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"Quand elles quittent l’armée, elles cherchent à gagner de l’argent dans le secteur technologique, dans lequel il y a de réelles opportunités puisque la nature des guerres a radicalement changé: il s’agit désormais de faire de la surveillance, et il y a une demande importante dans ce domaine de la part de régimes dictatoriaux qui souhaitent utiliser ces savoir-faire contre leurs opposants", explique-t-il à France 24.
L'espionnage est le côté tendre de la politique de Kabila contre son opposition, mais il servait une cause répressive plus violente.
En effet, on ne compte pas le nombre d'opposants tués ou exilés suite à un acharnement judiciaire. En 2016 par exemple, lors d'une manifestation à Kinshasa, dix-sept opposants avaient péri.
L'année dernière, Luc Nkulua, le militant et fondateur de la plateforme civile la Lucha (Lutte pour le Changement) est mort dans un incendie à son domicile. La Justice congolaise avait classé l'affaire sans suite.
Pour le moment, Joseph Kabila, qui est à la tête de la formation majoritaire au Parlement, n'a pas réagi à ces révélations. Cependant, la société Black Code a d'ores et déjà annoncé avoir déposé plainte pour diffamation à l'encontre des producteurs et animateurs de l'émission.