Le chef de l’opposition en Afrique du Sud, Mmusi Maimane, a annoncé, mercredi 23 octobre, qu’il démissionnait de la direction de son parti, l’Alliance démocratique (DA), déchirée par un débat sur la question raciale après son cuisant revers aux élections générales de mai. Depuis des semaines, M. Maimane, 39 ans, faisait l’objet de vives critiques au sein de la DA, un mouvement largement considéré comme un parti de Blancs, dont il a été le premier Noir à prendre la tête en 2015.
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« C’est avec tristesse, mais pour continuer mon combat pour la politique à laquelle je crois et pour le pays que j’aime, que je quitte aujourd’hui mes fonctions », a-t-il déclaré. Dans une longue déclaration, le député a justifié sa décision par les « attaques coordonnées » d’une frange du parti opposée à sa politique en faveur de la majorité noire du pays. « J’ai pris des mesures pour favoriser une plus grande diversité […] notamment en faveur des jeunes candidats noirs », a lancé Mmusi Maimane, rappelant qu’à ses yeux, « l’émancipation des Noirs ne signifie pas l’asservissement des Blancs ».
« Ces derniers mois, il est devenu évident qu’il existait au sein de la DA un groupe qui n’était pas d’accord avec moi », a-t-il déploré, pointant une « campagne de dénigrement », de « diffamation » et des « comportements de lâches ». La presse a récemment mis en cause les conditions d’achat du domicile du chef de la DA, soupçonné de corruption.
Né dans le township de Soweto, dans la banlieue de Johannesburg, Mmusi Maimane a été propulsé à la tête de la DA en 2015, un an après son élection au Parlement. Cette promotion express a aussitôt nourri les soupçons de ses adversaires et des observateurs, qui l’ont décrit en homme de paille noir d’un « parti de Blancs », la DA ayant été fondée en 2000 par la réunion de trois partis issus de la minorité blanche du pays.
Helen Zille fait son retour
Eloquent, à l’aise devant les médias, ce consultant de formation, marié à une Blanche et diplômé en psychologie, les a démentis en parvenant à préserver l’unité de la DA. En 2016, son parti a remporté un succès historique aux élections locales, en ravissant au Congrès national africain (ANC, au pouvoir) le contrôle de municipalités emblématiques, dont Johannesburg et la capitale du pays, Pretoria. Mais la DA a subi un échec en mai lors des élections générales, en ne recueillant que 20,6 % des voix, en nette baisse.
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Son ancienne cheffe, Helen Zille, une Blanche qui a suscité la polémique en saluant les aspects « positifs » du colonialisme, mène depuis des mois la fronde contre M. Maimane. Patronne de la DA de 2007 à 2015, Mme Zille s’en était éloignée quelques années. Elle vient de faire son retour au sein de sa direction. M. Maimane l’a mise publiquement en cause mercredi. Ses commentaires sur le colonialisme « n’ont pas favorisé la confiance entre Sud-Africains noirs et blancs et ont miné le projet du parti », a-t-il regretté. Mme Zille, qui s’est exprimée après lui, n’a pas répondu à sa remarque, se contentant de « prendre acte » de sa démission.
Deux jours avant M. Maimane, le maire noir de Johannesburg, Herman Mashaba, avait annoncé sa démission et dit qu’il claquait lui aussi la porte de la DA, pour les mêmes raisons. « Je ne peux plus m’accommoder d’un groupe de gens qui pensent que la race n’est pas un critère pertinent dans le débat sur les inégalités et la pauvreté en Afrique du Sud », avait justifié cet homme d’affaires de 60 ans.
Un quart de siècle après la chute du régime de l’apartheid, la question raciale continue de hanter l’Afrique du Sud. Au pouvoir depuis l’avènement de la démocratie, en 1994, l’ANC a remporté en mai les élections législatives, mais avec le plus mauvais score national de son histoire, à 57,8 % des voix. Loin du mythe de la nation « arc-en-ciel » défendu par l’icône Nelson Mandela, le pays est considéré comme l’un des plus inégalitaires de la planète.