Le 31 octobre dernier, le président des Etats-Unis, Donald Trump, a informé le Cameroun de son intention de mettre fin aux avantages commerciaux du pays sous la loi sur la Croissance et les opportunités de développement en Afrique (AGOA) à compter du 1er janvier 2020.
Une décision notamment motivée à cause «des violations flagrantes des droits de l’Homme internationalement reconnus, dont le gouvernement camerounais s’est rendu coupable», avait alors expliqué le président américain.
Les «prétextes et raisons» avancés pour justifier cette exclusion «ne correspondent guère à la réalité des faits sur le terrain», a, por sa part, déclaré le ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement, René Emmanuel Sadi, lors d’un point de presse lundi 18 novembre dernier à Yaoundé, la capitale.
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Selon ce membre du gouvernement, cette décision est la résultante soit d’une «ignorance ou d’une méconnaissance» de la situation réelle, notamment dans les régions anglophones du Nord-Ouest et du Sud-Ouest en proie à la crise depuis 2016, soit de la «volonté délibérée» des autorités américaines d’ignorer cette réalité, soit, encore, «une version travestie des faits» par des détracteurs du Cameroun, qui cherchent à ternir l’image du pays ou à compromettre les relations d’amitié et de coopération qui lient le pays avec ses partenaires étrangers, dont les Etats-Unis.
Et le ministre de s’interroger sur le mutisme des Etats-Unis devant les exactions commises contre les forces de défense et de sécurité et les civils par les séparatistes depuis le début de la crise anglophone.
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«On se serait attendu à voir la plus grande puissance mondiale ajouter sa voix, une de celles qui comptent le plus dans le monde, à la très grande désapprobation internationale et au chapelet des condamnations que ces actes ignobles et abominables ont suscitées», affirme le ministre de la Communication, qui déplore le «procès injuste» contre l’armée camerounaise, qui a toujours fait son travail avec «professionnalisme et dans le respect des droits de l’Homme». Même s’il reconnaît qu’aucune armée au monde n’est exonérée des dégâts collatéraux.
«Les bavures des forces de défense et de maintien de l’ordre sont observables dans tous les pays, y compris aux Etats-Unis, sans que l’on puisse inférer systématiquement à un déni de démocratie dans les pays concernés, ou à l’inexistence d’un Etat de droit», soutient à cet égard René Emmanuel Sadi.
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Nonobstant ces «accusations», le Cameroun se félicite de l’excellence des relations avec les Etats-Unis qui se sont traduites, ces dernières années, par une coopération militaire et sécuritaire qui a largement contribué au renforcement et à l’efficacité de la lutte contre la secte terroriste Boko Haram dans la région septentrionale de l’Extrême-Nord.
S’agissant de l’AGOA, «le Cameroun entend, en ce qui le concerne, continuer d’en tirer, autant que faire se peut, parti, persuadé que, comme par le passé, le Cameroun remplit les conditions nécessaires à cet effet, persuadé également qu’il en va de l’intérêt du Cameroun, comme de celui de nos partenaires américains», assure le ministre de la Communication.
En 2018, le Cameroun a exporté près de 220 millions de dollars en biens et services vers les Etats-Unis. 63 millions de dollars de ces exportations l’ont été au titre de l’AGOA, dont plus de 90% sous forme de pétrole brut.