Benjamin Netanyahu poursuit sa stratégie diplomatique en Afrique. Le Premier ministre israélien a discuté lundi 3 février de "normalisation" des relations entre le Soudan, pays majoritairement arabe et musulman, et Israël lors d'un entretien en Ouganda avec le chef du Conseil souverain soudanais, le général Abdel Fattah al-Burhane.
"J'ai rencontré à Entebbe le président du Conseil souverain du Soudan... et nous avons convenu d'entamer une coopération qui normalisera les relations entre les deux pays", a déclaré sur Twitter Benjamin Netanyahu, à l'occasion d'une visite d'un jour en Ouganda, sa cinquième en Afrique "depuis environ trois ans et demi".
Côté palestinien, la rencontre a été fermement condamnée. "Cette rencontre est un coup de couteau dans le dos du peuple palestinien... au moment où l'administration du Président Donald Trump et le Premier ministre israélien Netanyahu tentent de détruire la cause palestinienne", a dénoncé Saëb Erekat, négociateur en chef et secrétaire général de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP).
Une convergence d’intérêts
Les pays arabes ont historiquement fait du règlement de la question palestinienne la condition d'une normalisation avec Israël. Mais Benjamin Netanyahu et des membres de l'administration américaine de Donald Trump défendent une approche inversée dans laquelle ce serait une normalisation avec les pays arabes qui favoriserait la paix avec les Palestiniens.
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Parmi les pays arabes, Israël n'entretient de relations diplomatiques qu'avec l'Égypte et la Jordanie. Il se rapproche actuellement d'autres pays arabes comme les Émirats arabes unis et l'Arabie saoudite.
Benjamin Netanyahu ne cesse de proclamer que les nouvelles réalités régionales, à commencer selon lui par l'expansion de l'influence iranienne, créent une convergence d'intérêts avec les pays arabes.
Une normalisation avec le Soudan serait d'autant plus significative que les autorités soudanaises ont longtemps accusé Israël de soutenir les rébellions sud-soudanaises et au Darfour.
Le Soudan du Sud est devenu un État indépendant en 2011 tandis que le conflit dans la région occidentale soudanaise du Darfour perdure.
"Vers une nouvelle direction positive"
L'ancien président soudanais Omar el-Béchir, destitué en avril dernier, accusait notamment Israël de soutenir les combattants darfouris de l'Armée de libération du Soudan (SLA) d'Abdelwahid Nour.
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Depuis la destitution du président Béchir, le Soudan est dirigé par une autorité de transition, menée par le général al-Burhane.
"Le Soudan se dirige dans une nouvelle direction positive... Le général Abdel Fattah al-Burhane désire aider son pays à se moderniser en mettant fin à son isolement", a déclaré le Premier ministre israélien dans un communiqué.
Omar el-Béchir est l'objet de deux mandats d'arrêt internationaux émis en 2009 et 2010 par la CPI pour "génocide", "crimes contre l'humanité" et "crimes de guerre" au Darfour, où la guerre avec des rebelles a fait 300 000 morts et 2,5 millions de déplacés, selon l'ONU. Ces mandats et le conflit au Darfour avaient contribué à l'isolement diplomatique du Soudan.