Guinée-Bissau: la CEDEAO reconnaît la victoire de Embalo pour une sortie de crise

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Le 23/04/2020 à 15h34, mis à jour le 23/04/2020 à 18h40

Près de quatre mois après les résultats contestés de la présidentielle bissau-guinéenne du 29 décembre 2019, dont Umaro Sissoco Embaló avait été proclamé vainqueur par la Commission nationale électorale (CNE), la Cedeao a annoncé mercredi qu’elle reconnaissait sa victoire.

Tout en demandant la nomination d’un nouveau Premier ministre, la CEDEAO choisit visiblement la solution de sortie de crise la plus simple en reconnaissant la victoire de Embalo. 

« Face à la persistance de ce blocage et après analyse approfondie de la situation politique du pays, les chefs d’État et de gouvernement de la Cedeao ont décidé de reconnaître la victoire de Monsieur Umaro Sissoco Embaló», dit, dans un communiqué publié mercredi 22 avril, l’organisation régionale, médiatrice dans les crises chroniques qui secouent la Guinée-Bissau.

Le président de la conférence des chefs d’État de la Cedeao, le président nigérien Mahamadou Issoufou, a « salué la présence parmi nous du président Umaro Sissoco Embaló » lors d’une visio-conférence sur le Covid-19 jeudi, selon le texte de son discours.

La proclamation de la victoire d’Umaro Sissoco Embaló, début janvier par la CNE avec 53,55% des voix, avait été vivement contestée par le Parti africain pour l’indépendance de la Guinée et du Cap-Vert (PAIGC), vainqueur des dernières législatives. Son président et candidat, Domingos Simões Pereira, dit DSP, avait saisi la Cour suprême pour demander un recomptage des voix du second tour. L’instance avait à plusieurs reprises demandé à la CNE de procéder à la vérification des procès-verbaux, donnant lieu à un bras de fer entre les deux organisations.

Un nouveau Premier ministre ?

Fin février, après une tournée dans plusieurs pays du continent où il dispose de nombreux soutiens, Umaro Sissoco Embaló avait organisé son investiture pour succéder à José Mário Vaz. Il s’était dans la foulée installé au palais présidentiel de la place des Héros de la Nation, faisant fi de l’absence de décision définitive de la Cour suprême sur les recours introduits par DSP, qui dénonce toujours des fraudes électorales.

Dans la foulée, Umaro Sissoco Embaló avait limogé le Premier ministre Aristides Gomes (PAIGC), nommé à la suite d’une médiation de la Cedeao, et désigné un gouvernement dirigé par son allié Nuno Gomes Nabiam (arrivé troisième à la présidentielle avec 13%).

La Cedeao lui a demandé « de procéder à la nomination d’un Premier ministre et d’un nouveau gouvernement au plus tard le 22 mai 2020, conformément aux dispositions de la Constitution notamment celles relatives aux résultats issus des élections législatives. » Selon la Constitution, le chef du gouvernement est nommé par le président selon les résultats des législatives et les partis politiques représentés au Parlement, actuellement dominé par le PAIGC.

La Cedeao préconise par ailleurs de réformer la Constitution, fréquemment accusée de favoriser l’instabilité. La Cedeao exprime ainsi « la nécessité d’engager immédiatement la réforme relative à une nouvelle Constitution qui sera soumise à un référendum dans six mois ».

Par Le360 Afrique (avec AFP)
Le 23/04/2020 à 15h34, mis à jour le 23/04/2020 à 18h40