Tchad: l’hypothèse de l'empoisonnement écartée après la mort de 44 détenus de Boko Haram

DR

Le 08/08/2020 à 14h54, mis à jour le 08/08/2020 à 15h17

Les 44 prisonniers morts en détention au Tchad, en avril, n'ont pas été empoisonnés, mais ont succombé à de mauvaises conditions de détention, selon une enquête de la Commission nationale des droits de l'Homme rendue vendredi.

"Ce sont les conditions de détention (cellule exiguë, chaleur, la soif et la faim) qui sont à l'origine du décès des 44 détenus", souligne le rapport de cette institution nationale indépendante. Mi-avril, les autorités avaient annoncé avoir retrouvé les corps de 44 détenus dans un centre de détention de la gendarmerie de la capitale N'Djamena, sur 58 "membres de Boko Haram" faits prisonniers au cours d'une vaste opération militaire sur le lac Tchad.

Le parquet de N'Djamena avait alors assuré qu'une autopsie avait décelé une substance "létale" dans les corps des victimes. Le ministre de la Justice tchadien, Djimet Arabi, avait évoqué un possible "suicide collectif" par empoisonnement.

Selon le rapport de la Commission, qui écarte cette thèse, les geôliers "n'ont daigné porter dans ces conditions assistance à personne en danger malgré les cris de détresse et les prières récitées par les détenus toute la nuit de 20h à 6h du matin".

Contacté par l'AFP, Arabi a déclaré prendre acte des conclusions du rapport et précisé qu'une enquête judiciaire est ouverte. "Au moment venu, s'il y a de sanctions à prendre contre des personnes à qui les responsabilités sont imputées, ces personnes seront sanctionnées", a-t-il assuré.

Fin juin, l'une des principales associations tchadiennes de défense des droits de l'Homme avait affirmé que les 44 détenus n'étaient pas des membres du groupe jihadiste Boko Haram mais de simples civils. Le rapport rendu vendredi confirme que "les détenus ont été arrêtés bien après l'opération de l'armée".

Selon des proches des victimes interrogés par la Commission, les détenus étaient "pour la plupart des chefs de famille partis à la recherche de la pitance quotidienne" ou en visite chez des membres de leur famille.

Les quatorze détenus survivants ont aussi été interrogés. La plupart disent avoir été arrêtés pour avoir violé l'état d'urgence et notamment l'interdiction de déplacement instaurés dans la région du lac Tchad avant l'opération militaire.

En cellule, ils racontent avoir été quelques-uns à recevoir des dates pour manger mais "certains tombaient". Ils disent avoir alors "commencé à réciter la prière de la mort (chahada) pendant que d'autres criaient et frappaient pour attirer l'attention des geôliers".

Par Le360 Afrique (avec AFP)
Le 08/08/2020 à 14h54, mis à jour le 08/08/2020 à 15h17