La France compte envoyer une nouvelle frégate en Méditerranée pour contribuer à l'opération militaire européenne Irini, chargée de contrôler le respect de l'embargo de l'ONU contre la Libye, a annoncé mercredi la ministre française des Armées Florence Parly.
"Nous avons décidé de renforcer notre contribution à l'opération de l'Union européenne Irini en déployant la frégate Latouche-Tréville au cours des prochaines semaines", a-t-elle indiqué lors d'un discours devant les personnels civils et militaires de son ministère.
"Il s'agit de faire respecter l'embargo sur les armes décidé par le Conseil de sécurité des Nations Unies, condition essentielle d'une diminution des tensions et d'un processus politique vertueux en Libye", a-t-elle fait valoir, alors que la crise libyenne est source de multiples tensions et ses belligérants sont soupçonnés d'être approvisionnés en armes par de multiples parrains.
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La Libye est en proie au chaos depuis la chute de Mouammar Khadafi en 2011. Elle est déchirée entre camps rivaux: le gouvernement d'union (GNA) de Fayez al-Sarraj à l'Ouest, reconnu par l'ONU et un pouvoir qui le conteste, à l'Est, incarné par le maréchal Khalifa Haftar. Le GNA est soutenu par la Turquie tandis que le camp Haftar est appuyé par les Emirats arabes unis, la Russie et l'Egypte, notamment.
Une frégate française, le Jean Bart, a déjà été déployée en mai en soutien direct à l'opération Irini lancée en avril.
"Cette opération peut agir même si on connait ses limites. Elle renforce la pression et complique les trafics", fait-on valoir dans l'entourage de la ministre française.
La mission européenne a intercepté le 10 septembre un cargo des Emirats arabes unis soupçonné de violer cet embargo. L'opération a été menée par une frégate allemande, avec le soutien d'une frégate italienne.
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Mais au cours des derniers mois, Irini a également pu constater ses limites avec le refus de la Turquie de laisser contrôler un bateau battant pavillon tanzanien, escorté par des unités de la marine turque et soupçonné de violer l'embargo.
L'opération navale européenne "Irini" a par ailleurs été critiquée par Washington et par le GNA libyen. Sarraj estime qu'elle favorise le maréchal Haftar qui obtient des armes par voies terrestre et aérienne. "Irini doit inclure le contrôle des voies aériennes et terrestres" aussi, a-t-il plaidé début septembre.
L'opération de sécurité maritime de l'Otan Sea Guardian, dont la France s'est temporairement retirée en juin après un incident entre un de ses navires et un bâtiment turc, a également pour mission de contribuer à faire respecter l'embargo de l'ONU sur les livraisons d'armes en Libye. Mais Ankara s'oppose à toute coopération entre les opérations Irini et Sea Guardian.