En Afrique du Sud, les meurtres de fermiers blancs sont monnaie courante. Au cours des 20 dernières années, ce sont en moyenne 85 Sud-Africains blancs qui sont assassinés par an, essentiellement en raison de la couleur de leur peau.
Certes, le niveau de violence dans la nation Arc-en-ciel n'épargne ni les noirs ni les blancs. Au total 16.000 meurtres sont commis annuellement, mais pour les meurtres de fermiers blancs qui se trouvent dans des zones isolées, le mobile raciste et le désir de persécution sont souvent le mobile permettant de passer à l'acte. Ainsi, le dernier meurtre de blanc porte une signature ostensiblement raciste.
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En effet, Brendin Horner, un agriculteur de 22 ans a été assassiné le 1er octobre 2020 dans sa ferme. C'est son père et l'un de ses amis qui l'ont retrouvé étranglé, une corde autour du cou, pendu à un poteau, dans la localité de Paul Roux. Deux suspects noirs seront arrêtés le surlendemain du meurtre.
Devant la réaction minimaliste des autorités sud-africaines, les groupes de fermiers ont spontanément manifesté pour dénoncer ce qu'ils considèrent comme une politique d'extermination de la minorité blanche par la majorité noire. L'un des hommes qui dénonçaient cette situation, en l'occurrence André Pienaar, un homme d'affaires qui appelait à manifester est aujourd'hui en prison. Ce lundi 19 octobre, le président du tribunal de Bloemfountein dans l'Etat Libre lui a refusé la liberté sous caution. Il fait face à trois chefs d'accusation: violence publique, tentative de meurtre et incitation à l'insurrection. Et le bureau du procureur pourrait lui en ajouter un quatrième, celui de terrorisme.
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Terrorisme, c'est justement ce qui avait mené Mandela en prison pour 27 ans jusqu'à sa libération en 1990 et qui avait permis à l'Etat raciste sous le régime de l'Apartheid de condamner des centaines de résistants noirs. L'ANC, au pouvoir depuis 1995, est-elle en train de mener la même politique contre la minorité blanche? Cela y ressemble fort.
En effet, même si pour le moment les meurtres ne sont pas commis par les services secrets comme du temps de l'Apartheid, cette position rigide de la justice sud-africaine vient apporter de l'eau au moulin de Pienaar qui disait à juste titre: "Nous sommes là pour dire au monde entier qu’il y a un gros problème en Afrique du Sud. Quelque chose qui couve depuis vingt-cinq ans (date correspondant à l'arrivée de l'ANC au pouvoir)".
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Beaucoup en Afrique du Sud craignent que Pienaar ne serve d'exemple, alors qu'il ne faisait que dénoncer, avec un peu d'excès peut-être, le meurtre de Horner. "J'ai mis en garde contre cela. Andre Pienaar servira d'exemple comme le cas du cercueil (référence au meurtre d'un noir par des fermiers blancs qui l'ont enfermé dans un cercueil avec des serpents). Cela va s'éterniser et détruire sa vie. Je suis désolé", écrit dans un tweet l'artiste et acteur sud-africain Steve Hofmeyr.
En réalité, les discours populistes des leaders de l'ANC transmettent un message de haine à la majorité noire encore pauvre et minée par le chômage, alors que les caciques du régime sud-africain se sont enrichis en profitant des prébendes ou de la corruption. Le président Cyril Ramaphosa en est un bon exemple. De simple syndicaliste, il est devenu l'un des hommes les plus riches du pays ayant à son actif des participations dans les mines, l'immobilier, les chaînes de restaurants Mc Donald, la compagnie Coca-Cola, etc. Actuellement, sa fortune acquise grâce à la politique de discrimination positive mise en place par le parti, est estimée à plus de 450 millions de dollars.
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Pendant ce temps, le taux de chômage atteignait 30% avant la crise du Covid-19 et avec la récession prévue, il devrait montrer en flèche. Les inégalités aussi. Ce qui devrait encore exacerber violence et racisme, car le discours est bien rodé: "le problème ce sont les blancs qui volent les terres et les richesses du pays et les étrangers qui accaparent le travail revenant aux Sud-Africains".
C'est ce qui explique qu'à côté des meurtres de fermiers, les Nigerian et les Zimbabwéens fassent régulièrement les frais de cette haine distillée par l'ANC et les Economic Freedom Fighters de Julius Malema. Le dernier épisode en date remonte à septembre 2019, quand une douzaine de Nigérians et de Zimbabwéens ont été sauvagement tués dans un chaos général à Johannesburg, Pretoria et Durban. Au début de cette même année, c'était les chauffeurs étrangers qui faisaient l'objet d'attaques régulières, parce que leurs homologues sud-africains les accusaient également de voler leur travail.