Lauréat 2019 du prix Nobel de la paix, M. Abiy a lancé le 4 novembre une intervention militaire dans cette région du Nord de l'Ethiopie. Une réponse selon lui aux attaques de deux bases de l'armée éthiopienne par les forces des autorités tigréennes, lesquelles l'ont accusé en retour de les avoir inventées pour justifier une "invasion" du Tigré.
La situation sur le terrain reste peu claire lundi et la coupure des réseaux internet et téléphoniques au Tigré rendent extrêmement difficile la vérification des affirmations de chaque camp.
"L'aviation bombarde actuellement des zones choisies dans la région" du Tigré, a déclaré lundi un haut responsable de l'armée éthiopienne, le général Mohammed Tessema, à la télévision d'Etat EBC.
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Plus tôt, le Front de libération des Peuples du Tigré (TPLF), parti qui dirige la région, avait affirmé que l'aviation éthiopienne bombardait dix localités du Tigré.
Il avait aussi revendiqué avoir abattu un appareil éthiopien, une assertion qualifiée de "complètement fausse" par le général Mohamed Tessema.
Plusieurs frappes aériennes ont lieu ces derniers jours au Tigré, ciblant, selon le Premier ministre, des objectifs militaires.
Lundi, un journaliste de l'AFP a vu des camions remplis de soldats sur la route menant à la ville tigréenne de Dansha, qui abrite l'une des deux bases que le gouvernement dit avoir été attaquée par le TPLF.
- "Inquiétudes infondées"-
Sur place, ladite base - qui dépend du Commandement- Nord de l'armée éthiopienne - semblait sous contrôle de l'armée fédérale et des policiers s'y prêtaient à des séances photo, selon ce journaliste.
Le TPLF avait récemment affirmé que les troupes du Commandement-Nord, lesquelles comptent de nombreux soldats tigréens dans leurs rangs, avaient fait défection et rejoint les forces du TPLF.
Les journalistes qui visitaient la base ont été cependant rapidement priés de quitter la zone par des responsables militaires selon lesquels des combats avaient lieu à proximité, laissant penser que cette dernière n'était pas entièrement sous contrôle.
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La communauté internationale a fait part de son inquiétude de voir le deuxième pays le plus peuplé d'Afrique (plus de 100 millions d'habitants) sombrer dans un long conflit opposant la puissante armée fédérale aux très aguerries forces de sécurité tigréennes, susceptible de déborder hors du Tigré et de miner l'unité de l'Ethiopie, mosaïque ethnique.
"Les inquiétudes sur le fait que l'Ethiopie va sombrer dans le chaos sont infondées et résultent d'une incompréhension profonde de notre contexte", assure lundi sur Twitter M. Abiy, qui qualifie, comme il le fait depuis plusieurs jours, l'intervention militaire de simple "opération de maintien de l'ordre".
"Notre opération de maintien de l'ordre, en tant qu'Etat souverain capable de gérer ses affaires internes, se terminera sous peu en mettant fin à l'impunité existante", ajoute-t-il.
Elle a pour "objectif de garantir la paix et la stabilité une bonne fois pour toutes en amenant devant la justice les responsables de l'instabilité", souligne M. Abiy, en référence aux dirigeants du TPLF.
- "abus systématiques et corruption massive"
Dimanche, tout juste nommé, le nouveau chef d'état-major de l'armée Berhanu Jula avait affirmé que l'armée éthiopienne s'était "emparée" de quatre villages de l'Ouest du Tigré, zone où semblent s'être concentrés les combats.
Selon un décompte de l'AFP basé sur des sources médicales et de travailleurs humanitaires, plus de 200 soldats ont été blessés et huit tués.
Après avoir mené la coalition armée qui a renversé en 1991 la dictature militaro-marxiste du Derg en 1991, le TPLF a dominé les structures politiques et sécuritaires en Ethiopie durant près de 30 ans, jusqu'à ce que M. Abiy - un Oromo - devienne Premier ministre en 2018 et entame la mise à l'écart du parti.
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Progressivement mis à l'écart du pouvoir à Addis Abeba depuis deux ans, les dirigeants du TPLF défient depuis plusieurs mois l'autorité du gouvernement fédéral.
De son côté, M. Abiy accuse le TPLF d'avoir, quand il était au pouvoir, "joué un rôle majeur dans les abus systémiques en matière de droits humains et dans la corruption massive" et de chercher à miner son agenda de réformes.
La tension entre le gouvernement fédéral éthiopien et les autorités régionales du Tigré s'était considérablement accrue depuis l'organisation par le TPLF en septembre d'élections régionales, qualifiées "d'illégitimes" par Addis Abeba.