Emmanuel Macron a mis plus de trois semaines depuis la proclamation de la victoire de M. Condé et un mois et demi depuis l'élection pour adresser au président guinéen cette lettre dans laquelle affleure la désapprobation française devant les conditions du scrutin. Elle rappelle les "divisions et les interrogations" qui ont marqué cette élection.
M. Macron avait dit dans un entretien publié le 20 novembre par l'hebdomadaire Jeune Afrique ne pas avoir félicité M. Condé parce qu'il a "organisé un référendum et un changement de la Constitution uniquement pour pouvoir garder le pouvoir", alors qu'il aurait pu organiser l'alternance.
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La candidature de M. Condé à un troisième mandat a donné lieu à des mois de manifestations durement réprimées et de violences qui ont fait des dizaines de morts civils depuis octobre 2019 et dans les jours suivant l'élection.
M. Condé, 82 ans, a été proclamé vainqueur par la Cour constitutionnelle le 7 novembre. Son principal adversaire, Cellou Dalein Diallo, assure que c'est lui qui a gagné et dénonce une fraude.
"Je tiens à vous transmettre, ainsi qu'au peuple guinéen, mes voeux de succès" après la proclamation du Conseil constitutionnel, écrit M. Macron dans cette correspondance du 30 novembre.
"Je mesure les attentes du peuple guinéen et les défis auxquels il fait face, qu'il s'agisse du redressement de la situation économique et sociale avec la crise sanitaire mondiale ou de la réconciliation entre tous les Guinéens, après les violences, les divisions et les interrogations qui ont émaillé ces élections", ajoute M. Macron.
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M. Condé n'a pas réagi publiquement aux propos de M. Macron dans Jeune Afrique.
Mais le président de l'Assemblée nationale, Amadou Damara Camara, avait minimisé les propos du président français dans Jeune Afrique.
"Pourquoi donner tant d'importance à la déclaration de Macron ? Le moment venu, (M. Macron) le félicitera parce qu'il est issu de la volonté du peuple de Guinée", a déclaré M. Camara la semaine passée à la presse. La Guinée, ancienne colonie, "ne fait plus partie des territoires d'outremer" français, a-t-il ajouté.