Visiblement, le processus de rétablissement de l'Etat profond se poursuit en Algérie avec ce blanchiment de l'ensemble de la bande à Saïd Bouteflika, qui comprend les deux anciens chefs des services secrets algériens. Ce mouvement avait notamment commencé avec le retour du général Khaled Nezzar le 11 décembre dernier, arrivé à bord d'un avion présidentiel et accueilli avec tous les honneurs alors qu'il faisait l'objet d'un mandat d'arrêt international.
Il convient de rappeler que la Cour suprême avait cassé, le 18 novembre dernier, le verdict rendu par le tribunal militaire de Blida et condamnant, en septembre 2019, les accusés à une peine de quinze (15) ans de prison pour «complot contre l’autorité de l’armée».
Lors du premier procès en appel, en février 2020, les peines avaient été reconduites pour les accusés, à l’exception de la secrétaire générale du Parti du Travail (PT), Louisa Hanoune, qui avait été condamnée à une peine de trois ans de prison, dont neuf mois ferme pour «non-dénonciation de crime», et avait quitté la prison de Blida le jour même, à savoir le 10 février 2020.
Il s’agit donc du troisième procès de l’affaire, ordonné par la Cour suprême mi-novembre 2020, après pourvoi en cassation.
Selon le site d'information Tout sur l'Algérie "le procès, qui s’est ouvert vers 9h en présence des quatre accusés, n’a duré que quelques heures" avant que le verdict ne soit "rendu à la mi-journée".
La même source rappelle que "Les deux anciens chefs des services de renseignements algériens (ex-DRS), le frère et conseiller du président déchu Abdelaziz Bouteflika et la secrétaire générale du Parti des travailleurs étaient poursuivis pour «complot contre l’autorité de l’État et de l’armée», suite à une réunion tenue le 27 mars 2019, en plein soulèvement populaire contre le cinquième mandat que briguait l’ancien chef de l’État algérien".
Leur arrestation, au moment où feu Ahmed Gaïd Salah, alors vice-ministre de la Défense, s'affirmait comme l'homme fort de l'Algérie, interviendra moins de deux mois après cette réunion.
Ce blanchiment confirme que la page de l'ère Gaïd Salah est en train d'être tournée à la faveur d'une reconfiguration voulue par le général Saïd Chengriha, le nouvel homme du pays, dont l'autorité est néanmoins contestée au sein de l'armée. En rétablissant ces mammouths du pouvoir civil et militaire, il se renforce.
Néanmoins, malgré leur acquittement, Saïd Bouteflika et Athmane Tartag devraient rester en prison. "Le premier a été inculpé dans le cadre de l’affaire de l’ancien ministre de la Justice Tayeb Louh et placé sous mandat de dépôt dans l’affaire de la chaîne Istimraria TV destinée à faire la promotion du cinquième mandat", ajoute le site TSA qui rappelle la raison de ce maintien en détention.
Selon Me Bourayou, l'avocat du frère de l'ancien président, «Ce sont des faits qui ont acquis l’autorité de la chose jugée, c’est-à-dire qu’ils ont été traités et jugés dans le cadre d’une autre affaire, celle du financement de la campagne présidentielle (…). Ce mandat de dépôt vise à le maintenir en prison dans la perspective de l’acquittement des autres accusés».
De même, "Athmane Tartag a été placé sous mandat de dépôt pour non-respect de la procédure lors des enquêtes effectuées par ses services dans l’affaire de Mme Maya, la prétendue fille cachée de Bouteflika, et celle d’un des enfants de l’ancien SG du FLN, Djamel Ould Abbès".
Seuls le général Toufik et Louisa Hanoune sont donc en liberté, le premier ayant bénéficié d'une libération pour raison médicale et la seconde ayant déjà purgé sa peine, suite à la réduction de sa condamnation en février 2020.
Du côté de la défense, on ne cache pas sa satisfaction, alors que la justice algérienne mise à nu peut aller se rhabiller.