L'expulsion du journaliste irlandais Simon Marks a suscité la condamnation de Reporters sans frontières (RSF) qui a souligné qu'il s'agissait d'une première depuis l'arrivée au pouvoir du Premier ministre Abiy Ahmed en 2018.
Dans un article consacré à son expulsion, le New York Times précise que le journaliste a été convoqué jeudi par les autorités puis retenu pendant huit heures à l'aéroport d'Addis Abeba avant d'être embarqué sur un vol peu après minuit, vendredi.
"Il est très inquiétant de voir que le gouvernement éthiopien a traité le journaliste Simon Marks comme un criminel, le chassant du pays sans même lui permettre de passer chez lui prendre des vêtements de rechange ou son passeport", a dénoncé dans l'article Michael Slackman, rédacteur en chef adjoint pour le service international du quotidien américain.
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De son côté, le chef de l'Autorité éthiopienne des médias, Mohammed Idriss, a expliqué vendredi à l'AFP que son accréditation ayant été révoquée, le journaliste - dont la compagne journaliste et l'enfant de deux ans vivent à Addis Abeba - n'avait plus rien à faire dans le pays.
"Vous êtes ici dans le cadre d'un travail. Si vous avez une accréditation, vous restez. Si vous n'avez pas d'accréditation, ou si on la révoque, l'organe en charge du secteur vous renverra chez vous", a déclaré Mohammed.
L'accréditation de Marks a été révoquée quelques semaines après son retour d'une mission au Tigré en mars.
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Le gouvernement a longtemps imposé un black-out total sur la guerre visant à renverser les autorités dissidentes du Tigré et de nombreux journalistes ou traducteurs éthiopiens travaillant pour des médias internationaux comme l'AFP, Reuters, la BBC ou le Financial Times, ont été inquiétés ou arrêtés ces derniers mois.
Des journalistes et des organisations de défense des droits de l'Homme sont toutefois parvenus à rendre compte des exactions et atrocités commises par des groupes armés dans la région, y compris par les soldats éthiopiens et les soldats érythréens combattant à leurs côtés.
Ces révélations ont accru la pression diplomatique internationale sur le Premier ministre, prix Nobel de la paix 2019 et candidat à un nouveau mandat lors d'élections repoussées deux fois et désormais prévues le 21 juin.