"Un accord sur le GERD peut être atteint", a assuré Inger Andersen, directrice du Programme des Nations unies pour l'environnement (PNUE), lors d'une réunion du Conseil de sécurité organisée à la demande de la Tunisie pour le compte du Caire et de Khartoum.
"Pour parvenir à un accord optimal, la confiance, la transparence et un engagement seront essentiels", a-t-elle ajouté."Bien que des progrès aient été réalisés dans de nombreux domaines lors des négociations, aucun consensus n'a été atteint concernant certains aspects critiques, notamment les dispositions pour la gestion de sécheresses prolongées, l'aménagement en amont et en aval du GERD et un mécanisme de règlement des différends", a regretté la responsable.
Le barrage GERD "est une menace existentielle" pour l'Egypte, a souligné son chef de la diplomatie, Sameh Choukri, en réclamant "un accord légalement contraignant permettant à l'Ethiopie de réaliser ses objectifs de développement".
La gestion de la crise par l'Union africaine est dans l'impasse, a aussi estimé le ministre, en réclamant l'adoption par le Conseil de sécurité d'un projet de résolution proposé par la Tunisie.Selon lui, ce texte est "équilibré et constructif".
Obtenu par l'AFP, ce projet exige un règlement du conflit dans les six mois, un arrêt par l'Ethiopie du remplissage du réservoir du barrage, et une inscription au programme du Conseil de ce dossier en souffrance depuis 2011.
"Si sa survie est menacée, l'Égypte n'aura d'autre choix que de défendre et de protéger son droit inhérent à la vie garanti par les lois", a averti Sameh Choukri, sans autres précisions.Son homologue soudanaise, Mariam al-Sadeq Al Mahdi, sans parler du projet de résolution, a indiqué que son pays "demandait l'aide" du Conseil de sécurité pour trouver un accord légalement contraignant.
Un silence serait interprété comme un feu vert à l'Ethiopie à poursuivre le remplissage du réservoir du barrage, a-t-elle mis en garde.
"Série de défis"
L'Ethiopie, qui a jugé que le conflit ne menaçait pas la paix et la sécurité internationales et regretté que le Conseil de sécurité en débatte, avait choisi de son côté de se faire représenter par son ministre de l'Eau, de l'Irrigation et de l'Energie.
Les objections du Caire et de Khartoum "ne sont pas dirigées contre le GERD mais plutôt visent à arrêter toute utilisation de l'eau par l'Éthiopie", a déploré ce ministre, Seleshi Bekele Awulachew.
"Contrairement à l'Égypte et au Soudan, l'Éthiopie ne possède pas de réserves d'eau souterraine considérables", a-t-il précisé. Emissaire de l'ONU pour la Corne de l'Afrique, Parfait Onanga-Anyanga a appelé "toutes les parties à traiter la question de manière constructive et à éviter toute déclaration qui augmenterait les tensions dans une région déjà soumise à une série de défis".
"Chacun des pays partageant les eaux du Nil a à la fois des droits et des responsabilités, et l'utilisation et la gestion de cette ressource naturelle nécessite l'engagement continu de toutes les nations impliquées, de bonne foi en vue de parvenir à un terrain d'entente", a-t-il fait valoir.
Dans leurs interventions, les membres du Conseil de sécurité ont tous encouragé les trois pays à surmonter leurs divergences vers un accord sous l'égide de l'Union africaine.
Le Grand barrage de la Renaissance (GERD) de l'Ethiopie fait l'objet depuis le début de sa construction en 2011 d'un conflit larvé avec l'Egypte et le Soudan qui craignent pour leurs ressources en eau. L'Ethiopie, qui entend procéder à un nouveau remplissage de son réservoir en juillet et août, assure que le barrage est vital pour les besoins en énergie de ses 110 millions d'habitants.