Barrage sur le Nil: l’Egypte persiste pour un «accord global» et met en garde contre une instabilité régionale

Le Grand barrage de la Renaissance éthiopienne (Gerd) en cours de construction. . DR

Le 13/09/2022 à 13h12, mis à jour le 13/09/2022 à 13h14

L’envoyé spécial du secrétaire général de l’ONU pour la Corne de l’Afrique, Hana Titi, est en tournée en Afrique de l’Est. Lors de l'étape du Caire, les autorités lui ont réitéré leur exigence d’un «accord global» avec l’Ethiopie sur le barrage de la Renaissance dans les plus brefs délais.

Après les protestations de l’Egypte auprès du Conseil de sécurité de l’ONU contre la volonté de l’Ethiopie de poursuivre «unilatéralement» le remplissage du réservoir du barrage de la Renaissance durant la saison des pluies, et suite au passage à l’acte de l’Ethiopie qui a procédé à la 3e phase du remplissage, l’envoyée spéciale du secrétaire général de l’ONU pour la Corne de l’Afrique, Hana Titi, a entamé une tournée dans la région.

Lors de son passage dans la capitale égyptienne, en provenance du Soudan, Hana Titi a été reçue par le ministre des Affaires étrangères égyptien, Sameh Shoukry, qui lui a fait part du mécontentement de l’Egypte quant à la poursuite de la politique de remplissage unilatérale du réservoir du barrage de la Renaissance par l'Ethiopie.

«La poursuite de la crise du barrage de la Renaissance représente un élément d’instabilité qui menace les intérêts des peuples de la région à long terme», a souligné le ministre égyptien, expliquant que l’Egypte insiste pour «un accord global sur le barrage dans les meilleurs délais».

Il faut souligner que l’Egypte et le Soudan exigent un accord tripartite sur le remplissage et l’exploitation du barrage pour assurer le flux continu de leur part annuelle de l’eau du Nil. L’Egypte dépend à hauteur de 97% des eaux du Nil pour son approvisionnement en eau potable, son industrie et son agriculture. Et le pays craint fortement que le remplissage du barrage ne se traduise par une baisse du débit du fleuve qui le traverse du sud au nord et dont 85% des eaux viennent de l’affluent Nil bleu qui prend sa source en Ethiope et au niveau duquel est construit le GERD (Grand Ethiopian Renaissance Dam).

Pour sa part, l’Ethiopie continue de remplir le réservoir énorme de 74 milliards de mètres cubes d’eau du barrage. Début août, le Premier ministre Abiy Ahmed avait annoncé la fin de la 3e phase du remplissage. «Ce que vous voyez derrière moi, c’est le 3e remplissage terminé», s'était réjoui le responsable dans un discours télévisé, depuis la méga-infrastructure.

En détail, il avait expliqué que la hauteur de l’eau dans le réservoir du barrage a atteint 600 mètres et que celui-ci contenait désormais 22 milliards de mètres cubes d’eau, sur les 74 milliards de mètres cubes prévus lorsqu’il atteindra sa pleine capacité de production de 5.000 MW d'électricité.

Lors de cet évènement, Abiy Ahmed n’a pas manqué de souligner que «le Nil est un cadeau que Dieu nous a offert pour que les Ethiopiens l’utilisent», ajoutant que «ceux qui n’assument pas les responsabilités qui leur ont été confiées sont critiquables». L’Ethiopie continue de souligner qu’elle n’entend pas accaparer les eaux du Nil et continuera de veiller à ne pas nuire aux pays en aval (Soudan et Egypte), a-t-il expliqué.

Toutefois, égyptiens et soudanais continuent de critiquer la démarche des dirigeants éthiopiens. Les deux pays multiplient les demandes de cessation du remplissage du réservoir du GERD en attendant que soit conclu un accord sur ses modalités de fonctionnement. Ce que refusent catégoriquement les autorités éthiopiennes.

L’arrivée de l’envoyée spéciale du secrétaire général de l’ONU ne devrait donc pas changer grand-chose, l’Ethiopie ayant toujours souligné privilégier le dialogue tripartite sous l’égide uniquement de l’Union africaine (UA), alors que l’Egypte souhaite impliquer les Nations unies.

Par Karim Zeidane
Le 13/09/2022 à 13h12, mis à jour le 13/09/2022 à 13h14