Le Rwanda a annoncé vendredi l'envoi d'un millier de soldats au Mozambique pour aider ce pays à lutter contre les groupes armés jihadistes dans la province de Cabo Delgado (Nord-Est).
Cette décision intervient après l'annonce en juin par la Communauté de développement de l'Afrique australe (SADC), une organisation régionale, de sa décision d'envoyer également des troupes sur place.
Des groupes jihadistes, connus localement sous le nom d'Al-Shabab ("les jeunes" en arabe), font régner la terreur depuis fin 2017 dans cette province frontalière de la Tanzanie, riche en gaz naturel mais à la population très pauvre.
Leurs attaques, qui sont montées en puissance depuis un an, ont fait 2.900 morts, selon l'ONG Acled, et forcé près de 800.000 autres à fuir, selon l'ONU.
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"Le gouvernement du Rwanda, à la demande du Mozambique, va commencer aujourd'hui le déploiement d'un contingent de 1.000 personnes (appartenant) aux Forces de défense du Rwanda et à la police nationale du Rwanda", a déclaré le gouvernement dans un communiqué.
Les soldats rwandais vont "soutenir les efforts pour rétablir l'autorité de l'Etat mozambicain en menant des combats et des opérations de sécurité", selon le texte.
Le contingent rwandais collaborera avec les forces armées mozambicaines et avec celles de la SADC "dans des secteurs de responsabilité désignés", poursuit le gouvernement.
Les autorités mozambicaines, dont le président Filipe Nyusi a promis fin d'éradiquer les jihadistes, n'avaient pas réagi à cette annonce vendredi soir.
Cette décision, après celle de la SADC, "est une évolution surprenante", a relevé pour l'AFP le professeur Adriano Nuvunga, directeur d'un centre de recherche à Maputo, la capitale mozambicaine, estimant que "cela va militariser davantage le nord du Cabo Delgado et peut amener le conflit dans la mauvaise direction".
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Les forces rwandaises "ont la réputation d'une force de combat hautement compétente" et pourraient être utilisées pour protéger les sites du projet Mozambique LNG, mené par Total au sein d'un consortium dans la région, souligne Alexandre Raymakers, analyste au le cabinet britannique de conseil en risques Verisk Maplecroft.
Mais "la présence de multiples missions militaires, sous la forme d'un éventuel contingent rwandais et de la SADC, entraînera probablement des conflits sur les priorités et des frictions au niveau du commandement militaire, qui entraveront l'ensemble" de ces efforts, relève-t-il.
Le président mozambicain, lui-même ancien ministre de la Défense, se montrait jusqu'à récemment réticent à toute aide militaire étrangère, insistant sur la souveraineté de son pays, indépendant depuis 1975.
Le Rwanda est un contributeur majeur de la force des Nations unies en République centrafricaine, la Minusca, et a de plus envoyé des centaines de soldats en décembre dans le pays pour soutenir le président Faustin Archange Touadéra face à une coalition rebelle.