Vidéos. Afrique du Sud: scènes surréalistes de pillages, la pénurie menace

DR

Le 15/07/2021 à 11h29, mis à jour le 15/07/2021 à 12h29

VidéoDepuis une semaine, l'Afrique du Sud est en proie a des scènes surréalistes de violences ayant fait 72 morts et de pillages de magasins. Tout est parti de l'incarcération de l'ex-président Jacob Zuma, mais la situation économique et sociale était déjà favorable l'explosion.

En plus d'avoir fait 72 morts, les émeutes qui se poursuivent actuellement en Afrique du Sud risquent de créer un blocage total de l'économie, à cause des vols et des attaques ciblées contre les centres commerciaux et les supermarchés qui sont systématiquement pillés depuis une semaine, comme le montrent les nombreuses vidéos diffusées sur les réseaux sociaux.

Si le fait déclencheur des émeutes est l'incarcération de l'ex-président sud-africain, Jacob Zuma, après sa condamnation à 15 mois de prison par la Cour suprême sud-africaine pour outrage à la justice, il n'en demeure pas moins que les pillages ne s'expliquent que par la situation économique. En effet, le taux de chômage des jeunes reste l'un des plus élevés au monde. Et à cause de la situation sanitaire, les mesures prises par le gouvernement ont réduit à néant l'activité économique pendant plusieurs mois, alors que depuis plusieurs années déjà, le pays alternait entre récession et faible croissance.

La principale conséquence des récentes émeutes et scènes de violence est que tout le pays risque d'être bloqué à cause de la fermeture des entreprises de secteurs stratégiques pour cause d'insécurité. Cela débute avec le carburant qui commence à manquer.

Ainsi, dès l'aube, les files se sont allongées devant les stations-essence et devant les magasins d'alimentation, notamment à Durban, dans le Kwazulu-Natal (Est).

La veille, la plus grande raffinerie du pays a fermé son usine dans la région, qui fournit environ un tiers du carburant consommé dans le pays. Certaines stations sont déjà à sec, d'autres rationnent à la pompe. Des pénuries sont à craindre "dans les prochains jours ou semaines", a prévenu l'association des automobilistes.

Des agriculteurs ont affirmé ne plus pouvoir acheminer leurs marchandises, la principale route et voie de chemin de fer reliant la capitale économique Johannesburg et l'Est étant entravées ou peu sûres.

"Nous allons faire face à une crise humanitaire massive", a mis en garde le directeur de la principale organisation agricole AgriSA, Christo van der Rheede.

Plusieurs régions pourraient "bientôt manquer de produits de première nécessité", nourriture, carburant et médicaments à cause des difficultés d'approvisionnement, a affirmé le bureau du président Cyril Ramaphosa dans un communiqué.

- "Maintenant, les fermes" -

Dans la nuit, le centre commercial de Vosloorus, à une trentaine de km au sud de Johannesburg, a été dévasté et en partie incendié. Plusieurs corps y ont été retrouvés. Dans l'après-midi, des chauffeurs de taxi armés ont décidé de s'en mêler et ont fait fuir les pillards.

Abattu, Mike De Freitas, 45 ans, gérant d'une boucherie, vient faire constater l'étendue exacte des dégâts. "On passe notre vie à servir une communauté et voilà ce qu'on obtient en retour. Ça me brise le cœur de voir que ce que j'ai construit est complètement détruit", confie-t-il à l'AFP.

Dans le Kwazulu-Natal, des champs de canne à sucre ont été brûlés. Ailleurs, du bétail volé. "Les gens ont pillé les magasins, et maintenant qu'ils n'ont plus de nourriture, ils vont commencer à s'attaquer aux fermes", prévient Van der Rheede.

"Les personnes qui pillent en ce moment vont en faire les frais, avec les pertes d'emploi mais aussi les retards d'approvisionnements", a mis en garde l'économiste Lumkile Mondi.

Selon l'organisme de régulation des biens de consommation, plus de 800 magasins ont été pillés.

- "Honte" -

Depuis plusieurs jours, le Kwazulu-Natal et la capitale économique du pays Johannesburg sont pris dans un tourbillon de violences, dans un pays épuisé par une économie plombée par un taux de chômage record (32,6%) et une troisième vague de pandémie.

Le roi Misuzulu Zulu, autorité morale respectée par quelque 11 millions de Zoulous, ethnie majoritaire dans le pays, a appelé à "la paix", affirmant que ces violences "font honte" à ceux qui les commettent.

Le dernier bilan officiel fait état de 72 morts et 1.234 arrestations. La plupart des décès sont survenus pendant des bousculades lors de pillages. La police a été rapidement dépassée.

Le gouvernement a indiqué que 208 incidents impliquant des pillages et du vandalisme ont été recensés mercredi, alors que 5.000 soldats, un nombre qui a doublé mercredi, ont été déployés en renfort.

La ministre de la Défense Nosiviwe Mapisa-Nqakula a indiqué plus tard devant le Parlement qu'elle avait "soumis une requête pour le déploiement d'environ 25.000" soldats. Elle n'a pas précisé quand ces renforts pourraient être opérationnels.

Les premiers incidents ont éclaté au lendemain de l'incarcération la semaine dernière de l'ex-président Jacob Zuma, condamné à 15 mois de prison ferme pour outrage à la justice. Une étincelle nourrie ensuite par les frustrations économiques, la pauvreté.

L'Union africaine (UA) a condamné "avec la plus grande fermeté la flambée de violence qui a entraîné la mort de civils et des scènes effroyables de pillage", appelant "à un rétablissement urgent de l'ordre".

Dans certains quartiers, les riverains se sont organisés pour assurer eux-mêmes la sécurité de leurs magasins. Ils ont formé des chaînes humaines pour protéger les centres commerciaux, donnant lieu, ici et là, à des dérapages violents, a constaté l'AFP. Les autorités ont mis en garde contre toute velléité de se "faire justice soi-même".

Par Le360 Afrique (avec Agences)
Le 15/07/2021 à 11h29, mis à jour le 15/07/2021 à 12h29